DUBAI, 14 février (Reuters) - Les négociations visant à remettre sur les rails l'accord sur le programme nucléaire iranien ne sont pas dans l'impasse mais des points essentiels en suspens requièrent des décisions politiques de la part des Occidentaux, a déclaré lundi le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères lors d'une conférence de presse à Téhéran.

De leur côté, les autorités iraniennes ont déjà pris une décision politique en restant dans l'accord sur le nucléaire iranien de 2015 après le retrait américain de 2018, a expliqué ce porte-parole.

Une nouvelle session de négociations indirectes entre Iran et Etats-Unis sur le Plan d'action global commun (le nom officiel de l'accord, souvent désigné par l'acronyme JCPoA, ou PAGC en français-NDLR) a commencé la semaine dernière à Vienne, la capitale autrichienne, après une pause de dix jours.

Selon des membres des délégations, ces discussions n'ont pas permis d'avancée majeure depuis leur reprise en novembre dernier après cinq mois d'interruption.

"Il n'y a aucune impasse à Vienne. Les négociations se poursuivent comme auparavant et des échanges sont organisés entre les délégations", a précisé le porte-parole de la diplomatie iranienne.

Selon ce porte-parole, les négociations se poursuivent actuellement sur les aspects importants et essentiels et "la distance qui nous sépare d'un accord dépend de la bonne volonté de l'Occident".

"Si les Etats-Unis et l'Europe répondent aujourd'hui (lundi-NDLR) à l'Iran, dans le cadre du JCPoA, nous pourrons annoncer demain (mardi-NDLR) à Vienne que nous sommes parvenus à un accord".

Ces déclarations sont intervenues quelques heures après qu'Ali Shamkhani, secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale iranien, a estimé que les progrès dans les discussions devenaient "plus difficile à chaque minute (...) les parties occidentales 'prétendant' soumettre des initiatives afin d'éviter (de respecter) leurs engagements".

Sur un sujet distinct, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères a précisé que parallèlement aux discussions sur le nucléaire, la question d'un accord sur un échange de prisonniers avec les Etats-Unis était également à l'ordre du jour.

"Il semble que les Etats-Unis n'ont pas pris de décision à ce sujet. Peut-être attendent-ils le résultat des discussions" sur l'accord sur le nucléaire, a-t-il noté.

L'Iran a arrêté au cours des dernières années des dizaines d'étrangers et de binationaux – dont il ne reconnaît pas la double nationalité -, le plus souvent en les accusant d'espionnage.

Quatre Américains sont actuellement détenus en Iran pour ce motif, comme la chercheuse franco-iranienne Fariba Adelkhah, réincarcérée en janvier après une première détention de juin 2019 à octobre 2020 et le touriste français Benjamin Brière, arrêté en mai 2020 et qui n'a été présenté que courant janvier à un juge.

Des organisations de défense des droits humains accusent l'Iran de tenter d'utiliser ces prisonniers comme monnaie d'échange dans les négociations avec les puissances occidentales, mais Téhéran réfute une telle intention.

L'Iran accuse de son côté les Etats-Unis de détenir indûment des prisonniers iraniens pour des infractions présumées aux sanctions américaines contre Téhéran. (Reportage Bureau de Dubaï, édité par Jason Neely et Gareth Jones ; version française Myriam Rivet, édité par Blandine Hénault)