BUCAREST, 14 novembre (Reuters) - A deux jours du second tour de l'élection présidentielle, des milliers de Roumains ont manifesté vendredi dans plusieurs villes du pays en solidarité avec les expatriés qui se sont plaints des conditions de vote à l'étranger.

Pour le premier tour, le 2 novembre, des milliers de Roumains vivant à l'étranger ont dit n'avoir pu, faute de personnel, accomplir leur devoir électoral dans les ambassades, devant lesquelles de longues files s'étaient formées.

Les dysfonctionnements ont conduit à la démission, en début de semaine, du ministre des Affaires étrangères, Titus Corlatean.

Le gouvernement de Victor Ponta, Premier ministre social-démocrate et candidat à la présidence, a annoncé une série de mesures pour faciliter le vote à l'étranger, dont l'augmentation du nombre d'isoloirs et de scrutateurs. En revanche, il n'y aura pas plus de bureaux de vote, contrairement à ce que réclamaient des organisations de la diaspora roumaine.

On estime que quatre millions de Roumains vivent à l'étranger, essentiellement en Europe occidentale.

Vendredi soir, d'importants cortèges ont battu le pavé à Bucarest et dans d'autres villes du pays, dont Cluj, Timisoara, Sibiu et Brasov.

D'après les sondages, Victor Ponta devrait largement l'emporter dimanche face à Klaus Iohannis, candidat chrétien libéral membre de la minorité allemande.

Au premier tour, le Premier ministre sortant est arrivé en tête avec 40,4% des suffrages contre 30,4% pour Iohannis.

Mais des données indiquent que sur les 160.056 Roumains de l'étranger qui ont pu prendre part au premier tour, 46% d'entre eux ont voté pour Iohannis contre 16% pour Ponta.

Des politologues estiment qu'une victoire de Ponta serait de nature à renforcer la stabilité politique de la Roumanie, qui vit depuis 2012 une cohabitation compliquée entre le Premier ministre et le président Traian Basescu, rattrapé par la règle de limitation des mandats.

Certains redoutent cependant qu'avec l'effacement de Basescu, une forme d'équilibre des pouvoirs disparaisse et que Ponta se retrouve seul aux commandes d'un pays qui tarde à mettre en oeuvre les réformes en matière de lutte contre l'évasion fiscale, le travail au noir ou les discriminations à l'encontre des minorités hongroise et Roms. (Luiza Ilie; Henri-Pierre André pour le service français)