SARAJEVO, 10 février (Reuters) - Plusieurs milliers de personnes ont manifesté lundi en Bosnie pour demander la démission de leur gouvernement régional alors que le pays connaît son sixième jour consécutif de contestation centrée à l'origine sur une dénonciation du chômage, de la corruption et de la paralysie politique.

Des cortèges se sont formés dans la capitale Sarajevo et dans plusieurs autres villes pour demander le départ du gouvernement de la Fédération de Bosnie, l'une des deux républiques autonomes constituant le pays et regroupant principalement des Croates et des musulmans bosniaques.

Les protestataires ont également répété leurs exigences de démission des gouvernements qui dirigent les dix cantons de la fédération. Quatre de ces pouvoirs locaux ont déjà démissionné.

"Vous nous avez volés pendant vingt ans, maintenant c'est fini", proclamait une banderole dans le cortège qui a défilé à Sarajevo. "Les tribunaux et la police protègent les autorités", affirmait une autre.

Le mécontentement persiste dans cette ancienne république de la Fédération de Yougoslavie après les violences survenues la semaine passée dans quatre grandes villes, Sarajevo, Tuzla, Zenica et Mostar.

C'est la fermeture d'une usine dans la région industrielle autrefois prospère de Tuzla qui a mis le feu aux poudres.

Le pays connaît un taux de chômage de 27% mais celui-ci atteint 45% en comptant les personnes travaillant de manière officieuse.

Ces troubles interviennent au plus mauvais moment pour la Bosnie dont la situation figurait à l'agenda de la réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne lundi à Bruxelles.

Les Européens attendent de la Bosnie une réforme du système de partage du pouvoir politique hérité des accords de paix de Dayton signés en 1995 et qui avaient mis fin à trois années de conflit sanglant.

Les manifestants, qui ont défilé lundi, souhaitent la constitution d'un gouvernement de technocrates. Cette demande reflète la perte de confiance dans le personnel politique divisé par l'appartenance ethnique et habitué au clientélisme.

Le gouvernement de la fédération a appelé lundi à des élections anticipées mais il est peu probable que Croates et Serbes s'entendent sur l'organisation d'un scrutin.

(Maja Zuvela; Pierre Sérisier pour le service français) ;))