ANKARA, 12 novembre (Reuters) - Quelque 370 organisations non gouvernementales (ONG) ont été suspendues en Turquie pour liens supposés avec le terrorisme, a annoncé le gouvernement turc dans le cadre de la vaste purge qui se poursuit après le coup d'Etat manqué du 15 juillet dernier.

L'annonce a été faite vendredi soir et le vice-Premier ministre Numan Kurtulmus a défendu cette décision, qui concerne aussi bien des associations de défense des droits de l'homme que des organisations d'aide à l'enfance.

Plus de 110.000 personnes ont été renvoyées ou suspendues de leur fonction et 37.000 ont été arrêtées depuis le coup d'Etat manqué de juillet mis par les autorités turques sur le compte de Fethullah Gülen, prédicateur musulman qui s'est exilé aux Etats-Unis en 1999. Ce dernier, opposant au président Recep Tayyip Erdogan avant d'avoir été son allié, a démenti être à l'origine du complot.

"Les organisations ne sont pas fermées, elles sont suspendues. Il y a des preuves solides qu'elles sont liées à des organisations terroristes", a déclaré Numan Kurtulmus.

"La Turquie doit combattre le terrorisme sur de nombreux fronts. Nous essayons de nettoyer les institutions des Gulénistes. Parallèlement, nous luttons contre les activistes kurdes et l'Etat islamique", a fait valoir le chef du gouvernement devant les journalistes.

Le président turc appelle l'organisation du prédicateur en exil "l'organisation terroriste guléniste". Recep Tayyip Erdogan affirme que cette purge sans précédent est nécessaire pour débarrasser les institutions publiques des personnes infiltrées qui cherchent à renverser le gouvernement.

Sur les 370 associations affectées par la suspension de vendredi, 153 seraient liées au mouvement guléniste, 190 au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), 19 au groupe d'extrême gauche Parti-Front révolutionnaire de libération du peuple (DHKP-C), et huit à l'Etat islamique, précise le ministère de l'Intérieur.

Les organisations de défense des droits de l'homme accusent le président Erdogan de se servir de la tentative de coup d'Etat pour museler toute opposition dans le pays qui souhaite pourtant entrer dans l'Union européenne. (Ece Toksabay et Can Sezer; Danielle Rouquié pour le service français)