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(Easybourse.com) Quelle est votre perception de l'évolution des marchés financiers à l'heure actuelle ?
Après cinq ans de hausse, et une accélération depuis le début de l'année, les marchés d'actions européennes sont susceptibles de connaître une consolidation à court terme.
Notre vision positive sur l'évolution des marchés européens d'une manière générale s'explique par plusieurs raisons.

Tout d'abord, un cercle vertueux est en train de s'installer en Europe sur le plan macro-économique. Ensuite, l'aversion au risque commence à diminuer.

Par ailleurs, nous observons toujours une bonne orientation des bénéfices des entreprises.  En matière de rentabilité, les entreprises européennes se situent à un niveau équivalent de celui des entreprises américaines. Nous attendons pour 2008 une accélération de la croissance des résultats de ces entreprises. Le consensus est de l'ordre de 10 à 11%.

A quoi serait due cette accélération ?
Tout d'abord à la croissance mondiale, dopée par les pays émergents et qui semble s'inscrire dans un cycle long à différents égards.

 Ensuite, le ralentissement de l'économie américaine est moins pénalisant, car contrebalancé par le dynamisme de l'économie chinoise en particulier.

Enfin, l'économie européenne va structurellement mieux. Non seulement la demande extérieure est importante, mais la demande intérieure redevient dynamique en raison, notamment, d'une augmentation du pouvoir d'achat qui devrait soutenir la consommation.

En témoigne la situation d'un pays comme l'Allemagne qui est en train de se redresser et qui connaît un rythme de croissance de son PIB de l'ordre de 3 %.

Cette croissance comporte t-elle des risques ?
Si toutes les économies voient leur croissance s'accélérer de manière simultanée, le risque majeur réside dans une éventuelle surchauffe. Le corollaire sera une inflation et une hausse des taux assez brutale. Ce risque est pour le moment assez bien appréhendé par les banques centrales que ce soit en Europe, aux États-Unis ou encore en Chine. Celles-ci s'efforcent de maîtriser le phénomène d'abondance de liquidités.

Ainsi, les bonnes nouvelles émanant de l'économie européenne laissent penser que la banque centrale sera vigilante et qu'elle continuera à augmenter ses taux.

Concernant la banque fédérale américaine, les avis sont un peu plus partagés. Alors que nous nous attendions à une baisse des taux il y a encore six mois, le consensus est désormais davantage axé vers un statu quo, voire un relèvement des taux.

Concernant la gestion de votre fonds, vous semblez privilégier la thématique des opérations financières. Pourriez-vous nous en parler ?
Nous avons lancé il y a près de six mois un fonds investi sur les valeurs européennes et spécialisé sur les opérations financières, le Saint-Honoré Europe Synergie. Ce fonds a pour vocation d'investir dans les sociétés potentiellement cibles d'OPA et les sociétés en restructuration.

Depuis environ deux ans, les opérations financières se sont multipliées. Nous avons souhaité profiter de cette dynamique. Notre objectif est de battre l'indice MSCI Europe, quel que soit l'environnement de marché.

Sur la thématique qui nous intéresse, nous avons suffisamment de sources de surperformance et de gisements d'opportunités pour nous distinguer, que ce soit dans les périodes d'accélération de la croissance économique, où les OPA seront une source d'alpha, et dans les périodes de ralentissement, où ce seront les dossiers de restructuration qui nous apporterons le surcroît de performance.

Sur quels secteurs ou quelles entreprises focalisez-vous votre attention ?
Les fusions-acquisitions concernent aujourd'hui tous les secteurs d'activité et nous sommes en conséquence présents un peu partout.

Néanmoins, il est vrai que lorsque nous avons identifié une consolidation dans un secteur, nous y approfondissons notre recherche. Par exemple, nous avons décidé à l'heure actuelle de surpondérer le segment des télécommunications. Nous voyons se dessiner au niveau européen la construction de plusieurs grands pôles d'opérateurs.

Des prémices laissent penser que nous allons avoir des rapprochements entre les opérateurs historiques, soit sous la forme de participations croisées (nous citerons la participation de Telefonica dans Telecom Italia), soit sous la forme de fusions qui sont des sources d'économies importantes au niveau de la constitution des réseaux et des coûts de fonctionnement.

C'est semble t-il un phénomène inévitable compte tenu des défis auxquels est confronté le secteur avec le déclin de la téléphonie fixe et les pressions sur la rentabilité de la téléphonie mobile.

Parmi les sociétés qui nous intéressent, nous pouvons mentionner KPN, société basée aux Pays-Bas. Le cas est assez particulier car le groupe peut être à la fois une proie pour les fonds d'investissement dans le cadre d'un LBO mais également un acteur de la consolidation du secteur.

Par ailleurs, nous sommes présents sur le principal opérateur de téléphonie mobile grec Cosmote qui devrait faire l'objet d'un rachat par sa maison-mère et sur l'opérateur finlandais Elisa.

Qu'en est-il des services financiers ?
Le secteur bancaire est bien évidemment sujet à de telles opérations. Il y a un véritable mouvement de consolidation du secteur en Europe, nous ne pouvons pas l'ignorer.

Mais paradoxalement nous avons décidé de ne pas surpondérer ce secteur au sein de notre portefeuille. Tout d'abord, parce qu'il représente un poids très important, près de 22 % de l'indice européen.

Ensuite, parce que nous avons pour ambition de nous concentrer sur les sociétés cibles. Or dans le secteur bancaire, il y en a de moins en moins. Les différents mouvements ont eu pour principal intérêt de clarifier le paysage de ce secteur. Nous savons, par exemple, qu'en Italie, compte tenu des nombreuses opérations financières qui se sont déroulées récemment, il n'y a pratiquement plus de banque à vendre.

L'opération sur Abn Amro a également été très instructive parce que beaucoup d'acheteurs se sont dévoilés, notamment le consortium mené par Royal Bank of Scotland.

Au final, nous avons identifié trois cibles de taille significative qui subsistent en Europe : Commerzbank en Allemagne, le groupe franco-belge Dexia et le belge KBC. D'autres acteurs font à la fois figure de prédateur et de proie : Société Générale, Barclays et Deutsche Bank.

Y a-t-il des secteurs qui ont révélé des surprises ?
Nous constatons une diffusion de cette thématique sur l'ensemble des secteurs économiques et en particulier sur ceux qui ont accumulé un certain retard ces dernières années. Je pense notamment au secteur de la technologie. La défiance vis-à-vis des valeurs technologiques subsiste depuis l'éclatement de la bulle, mais différents secteurs sont en phase d'assainissement. L'accord signé récemment entre Stmicroelectronics et Intel témoigne de l'amorce d'un mouvement qui a vocation à s'accentuer.

Propos recueillis par I.H.

- 28 Mai 2007 - Copyright © 2006 www.easybourse.com

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