par Edward McAllister et Anait Miridzhanian

DAKAR, 11 août (Reuters) - L'Union africaine s'est rangée vendredi derrière les décisions de la Cédéao concernant le Niger et a appelé la communauté internationale à sauver la vie du président Mohamed Bazoum, dont les conditions de détention se détériorent.

Dans un communiqué, l'UA a appelé les militaires putschistes à faire cesser l'escalade dans son bras de fer avec le bloc ouest-africain.

La Cédéao (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest) a dit jeudi que toutes les options étaient sur la table pour restaurer l'ordre constitutionnel après le coup d'Etat du 26 juillet à Niamey et décidé d'activer sa force d'intervention.

La Cédéao, réunie à Abuja, la capitale nigériane, a toutefois indiqué qu'elle privilégiait une résolution pacifique de la crise. Elle n'a fourni aucun détail quant à l'étendue de cette force ni sur l'identité des pays qui participeraient à cette éventuelle intervention.

Le président ivoirien, Alassane Ouattara, a qualifié la détention du président Bazoum d'"acte terroriste" devant des journalistes et promis l'envoi de troupes pour garnir les rangs de la force déployée par la Cédéao.

Un porte-parole de l'armée ivoirienne a précisé qu'un bataillon pourrait inclure 850 soldats. Les autres pays ne se sont pas prononcés quant à leur participation à cette force.

Le ministère français des Affaires étrangères a indiqué jeudi soir dans un communiqué que la France affirmait son plein soutien à l'ensemble des conclusions adoptées à l'occasion du sommet d'Abuja.

Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, qui a également réaffirmé le soutien de Washington aux efforts déployés par la Cédéao pour rétablir l'ordre constitutionnel, a déclaré que les Etats-Unis tenaient la junte nigérienne pour responsable de l'état de santé de Mohamed Bazoum et sa famille.

Le porte-parole de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a estimé que rien ne justifiait le traitement infligé au chef de l'Etat nigérien.

Mohamed Bazoum est détenu dans la résidence présidentielle depuis le coup d'Etat et a fait part à Human Rights Watch de conditions de détentions "inhumaines et cruelles".

L'organisation a pu s'entretenir mercredi et jeudi avec le président déchu et des membres de son entourage.

"Je n'ai pas accès à l'électricité depuis le 2 août et aucun contact humain depuis le 4 août. Je ne suis pas autorisé à recevoir des membres de ma famille (ou) des amis qui, jusqu'ici, m'ont apporté de la nourriture et d'autres vivres", a déclaré le président Bazoum à HRW.

"Mon fils est malade, il a de sérieux problèmes cardiaques et a besoin de voir un docteur (...) Ils ont refusé qu'il reçoive un traitement médical", a-t-il ajouté. (Version française Zhifan Liu, édité par Jean-Stéphane Brosse)