par Nidal al-Mughrabi et Emily Rose

LE CAIRE/JERUSALEM, 24 décembre (Reuters) -

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a promis dimanche de continuer à combattre dans la bande de Gaza, alors que Tsahal a enregistré ses plus importantes pertes depuis le début de la guerre, tandis que le groupe palestinien du Djihad islamique a envoyé une délégation prendre part aux discussions du Caire, signe que la voie diplomatique n'est pas fermée.

L'arrivée au Caire d'une délégation menée par le chef en exil du Djihad islamique, Ziad al Nakhlala, intervient quelques jours après que le chef du bureau politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, s'est rendu dans la capitale égyptienne pour prendre part aux pourparlers diplomatiques.

Plus petit que le Hamas, lequel contrôle la bande de Gaza, le Djihad islamique détient aussi des otages dans l'enclave palestinienne depuis l'attaque du 7 octobre en Israël qui a fait 1.200 morts. Une centaine d'otages seraient toujours détenus par les groupes palestiniens, sur les 240 enlevés lors de l'attaque, à la suite des libérations effectuées dans le cadre de la trêve d'une semaine scellée fin novembre.

Jusqu'à présent, le Hamas et le Djihad islamique répètent qu'aucun otage supplémentaire ne sera libéré tant qu'Israël ne stoppera pas son agression contre Gaza, tandis que l'Etat hébreu se dit uniquement disposé à discuter de pauses temporaires dans les combats.

Aucune des parties prenantes au conflit n'a toutefois tourné le dos publiquement aux pourparlers présentés la semaine dernière par les Etats-Unis comme "très sérieux", en dépit d'une offensive qui s'est intensifiée à Gaza depuis le début du mois et l'échec des discussions visant à prolonger la trêve.

Un représentant du Djihad islamique a rappelé dimanche la position du groupe armé palestinien, dont la délégation se rend au Caire pour discuter "des moyens de mettre fin à l'agression israélienne contre notre peuple". Toute remise d'otage devra garantir la libération de l'ensemble des détenus palestiniens dans les prisons israéliennes, a-t-il dit, et ce "après un cessez-le-feu".

En représailles à l'attaque du 7 octobre, Israël a décrété le siège de la bande de Gaza, tuant plus de 20.400 personnes, ravageant des quartiers entiers du territoire étroit et majoritairement urbain, déplaçant la grande majorité des 2,3 millions d'habitants et provoquant selon l'Onu une situation humanitaire catastrophique. Des milliers de personnes auraient aussi trouvé la mort sous les décombres.

OPÉRATIONS ÉLARGIES DANS LE SUD DE L'ENCLAVE

Depuis l'expiration de la trêve, le 1er décembre, les affrontements dans la bande de Gaza se sont intensifiés, pour s'étendre à l'ensemble de l'enclave, alors que l'armée israélienne avait dans un premier temps focalisé son offensive sur le nord du territoire.

Tsahal a indiqué que dix de ses soldats ont été tués au cours des vingt-quatre dernières heures. Avec les cinq soldats tués la veille, il s'agit du plus lourd bilan sur deux jours pour l'armée israélienne depuis début novembre.

"La guerre nous extrait un très lourd tribut. Cependant nous n'avons pas d'autre choix que de continuer de nous battre", a déclaré Benjamin Netanyahu en conseil des ministres dimanche.

Le dirigeant israélien a par la suite déclaré dans un message vidéo que Tsahal allait entrer davantage dans la bande de Gaza, jusqu'à la "victoire totale" sur le Hamas, ajoutant que tout était fait pour "protéger la vie de nos combattants".

Principal allié d'Israël, les Etats-Unis font pression ces dernières semaine pour que la campagne militaire menée à Gaza soit moins imposante et limite les pertes civiles.

Washington s'est abstenu vendredi, pour la première fois, d'opposer son veto à un projet de résolution du Conseil de sécurité de l'Onu sur la guerre à Gaza, permettant au texte d'être adopté après un adoucissement de sa rhétorique sur une fin immédiate des combats.

L'état-major de l'armée israélienne a indiqué samedi a indiqué samedi que Tsahal avait globalement pris le contrôle opérationnel du nord de la bande de Gaza et que les troupes allaient étendre leurs opérations dans le sud.

Toutefois, des habitants du nord de l'enclave ont rapporté que les combats se sont intensifiés récemment, principalement à Jabalia, frappée par de lourds bombardements israéliens et où des chars d'assaut ont continué leur progression.

Le Croissant-Rouge palestinien a signalé une attaque contre l'un de ses camps à Khan Younès, dans le sud du territoire, rapportant qu'un adolescent de 13 ans a été tué par un drone israélien dans l'hôpital Al Amal.

Tsahal a exprimé ses regrets pour les pertes civils mais blâme le Hamas, accusant celui-ci d'opérer dans des zones densément peuplées ou de se servir des civils comme boucliers - des accusations rejetées par le groupe palestinien. (Reportage Nidal al-Mughrabi au Caire et Emily Rose à Jérusalem, avec Bassam Masoud à Gaza, Michelle Nichols aux Nations unies, Dan Williams à Jérusalem, Nafisa Eltahir au Caire, Trevor Hunnicutt à Washington; version française Jean Terzian)