HARARE, 2 juin (Reuters) - Le président Robert Mugabe appellera à des élections législatives d'ici la fin juillet au Zimbabwe conformément à un récent arrêt de la Cour constitutionnelle, rapportent dimanche des médias d'Etat.

Cette décision a provoqué la colère de ses adversaires, qui souhaitent un report pour permettre des réformes censées garantir un scrutin équitable.

Vendredi, la Cour avait décidé que les élections législatives et présidentielle devaient se tenir d'ici le 31 juillet et que le chef de l'Etat, au pouvoir depuis l'indépendance de l'ex-Rhodésie du Sud en 1980, devait fixer une date pour ces scrutins avant la fin, le 29 juin, de la session parlementaire.

Selon la radio-télévision publique ZBC, Robert Mugabe, qui est âgé de 89 ans, a fait savoir qu'il respecterait la décision de justice et fixerait une date après avoir consulté le ministre de la Justice, Patrick Chinamasa.

Le Mouvement pour un changement démocratique (MDC), principale formation de l'opposition dont le chef de file, Morgan Tsvangirai, Premier ministre, sera le grand rival électoral du chef de l'Etat, a fait savoir qu'il ne contesterait pas un scrutin de juillet à condition toutefois qu'il soit véritablement démocratique.

Cela suppose, a stipulé Morgan Tsvangirai, que des réformes soient appliquées pour ouvrir les médias d'Etat, inscrire les nouveaux électeurs sur les listes et dépolitiser les forces armées.

"La date de l'élection doit être le résultat d'un processus et si la Zanu-PF (le parti de Robert Mugabe, ndlr) apporte sa coopération et si nous parvenons à accélérer les réformes nécessaires à une consultation libre et équitable, alors nous pourrons tous facilement appliquer l'arrêt de la Cour", a déclaré à Reuters le porte-parole du MDC, Douglas Mwonzora.

L'incertitude persiste en revanche sur le financement des élections, le gouvernement de Harare refusant toute aide internationale.

Le ministre des Finances, Tendai Biti, qui appartient aussi à la direction du MDC, a annoncé qu'il s'efforçait de réunir les 132 millions de dollars nécessaires au vote. Un sommet extraordinaire de la Communauté pour le développement de l'Afrique australe (SADC) doit se tenir pour récolter des fonds.

(Cris Chinaka; Jean-Loup Fiévet pour le service français)