HARARE, 7 août (Reuters) - Robert Mugabe, le président du Zimbabwe, a rejeté mercredi l'ensemble des critiques émises par les Etats-Unis et plusieurs pays de l'Union européenne (UE) sur la crédibilité de sa réélection, annoncée samedi par la commission électorale du pays.

Robert Mugabe, au pouvoir sans interruption depuis l'indépendance en 1980 de l'ancienne Rhodésie, a été déclaré vainqueur avec 61% des suffrages en sa faveur contre moins de 35% à son adversaire, le Premier ministre Morgan Tsvangirai, qui accuse le camp gouvernemental de s'être livré à des fraudes massives lors du scrutin du 31 juillet et compte présenter vendredi un recours en justice.

Le président du Zimbabwe a estimé mercredi que sa victoire et celle de son parti, l'Union nationale africaine du Zimbabwe - Front patriotique (Zanu-PF), avait "porté un coup à l'ennemi".

Le chef d'Etat a identifié cet ennemi comme "les Britanniques et leurs alliés", et a accusé Londres, puissance coloniale de la Rhodésie jusque dans les années 1960, et les autres pays occidentaux d'avoir soutenu le Mouvement pour le changement démocratique (MDC) de Morgan Tsvangirai.

Le Royaume-Uni, ancienne puissance coloniale du Zimbabwe, alors nommé Rhodésie, a exprimé de "profondes préoccupations" par la voix de son ministre des Affaires étrangères, William Hague, et les Etats-Unis ont eux estimé la réélection de Robert Mugabe n'apparaissait pas crédible.

Robert Mugabe a accusé les pays occidentaux de ne pas se conformer à leurs engagements de lever une série de sanctions si le scrutin s'avérait libre et équitable.

"Maintenant, alors même que l'ensemble de l'Afrique nous envoie des messages de félicitations et nous disent 'bien joué', ils affirment que les élections n'étaient pas libres", a-t-il dit au cours d'une réunion du bureau politique de la Zanu-PF. "Et d'où parlent-il ? Londres et Washington et Ottawa."

Le président sud-africain Jacob Zuma a adressé dimanche ses félicitations à Robert Mugabe et a fait valoir que les observateurs régionaux de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) avaient jugé le scrutin représentatif.

En un rare signe de désaccord dans la région sur le sujet, le Botswana, membre comme le Zimbabwe et l'Afrique du Sud de la SADC, a cependant fait part de ses doutes sur le scrutin et a demandé la tenue d'un audit indépendant. (MacDonald Dzirutwe; Julien Dury pour le service français)