* Procès des Frères musulmans ajourné au 29 octobre

* Hosni Moubarak est lui rejugé en appel

* Les arrestations d'islamistes se poursuivent (Actualisé avec arrestations, précisions)

par Alistair Lyon

LE CAIRE, 25 août (Reuters) - Le procès de Mohamed Badie, guide suprême des Frères musulmans, et de ses deux principaux adjoints, Khaïrat al Chater et Rachad Bayoumi, a été ajourné dès son ouverture dimanche en Egypte, où s'est parallèlement ouvert celui en appel de l'ex-président égyptien renversé en 2011, Hosni Moubarak.

Les trois dirigeants des Frères musulmans, poursuivis pour incitation au meurtre lors des troubles qui ont précédé la destitution par l'armée, le 3 juillet, du président Mohamed Morsi, issu lui-aussi du mouvement islamiste, n'ont pu assister à l'audience pour des raisons de sécurité et leur procès a été reporté au 29 octobre, a-t-on appris de source judiciaire.

Quant à Hosni Moubarak, remis en liberté jeudi après l'abandon d'autres charges fondées sur des soupçons de corruption et placé en résidence surveillée dans un l'hôpital militaire, il a comparu sur un fauteuil roulant aux côtés de ses fils Gamal et Alaa, et de l'ancien ministre de l'Intérieur Habid al Adly.

Vêtu de blanc et portant des lunettes de soleil, l'ex-raïs âgé de 85 ans, est jugé en appel pour complicité de meurtres dans la répression des manifestations qui ont conduit à son renversement en février 2011. Il a été condamné à la prison à vie en première instance.

A l'issue de trois heures d'audience, le juge a ajourné le procès de Moubarak au 14 septembre.

Dès sa remise en liberté jeudi, le gouvernement de transition, constitué sous l'égide du général Abdel Fattah al Sissi, chef d'état-major de l'armée, a usé des pouvoirs qui lui ont été conférés dans le cadre de l'état d'urgence pour obtenir son assignation à résidence. Cette mesure vise manifestement à ménager une partie de l'opinion.

COUVRE-FEU ALLÉGÉ

L'arrestation de Mohamed Badie, il y a une semaine, a conclu une semaine marquée par la vaste offensive de l'armée contre les Frères musulmans.

Selon le bilan du gouvernement, plus de 1.000 personnes, dont une centaine de militaires et policiers, sont mortes dans les violences en Egypte depuis la chute de Mohamed Morsi, le 3 juillet. Il s'agit des troubles les plus sanglants qu'ait connus la république égyptienne en 60 ans d'histoire.

L'alliance hostile à l'état-major, qui souhaite le retour de Mohamed Morsi, fait quant à elle état de 1.400 tués parmi les partisans du chef d'Etat destitué et des Frères musulmans.

La confrérie avait appelé vendredi à une nouvelle journée de manifestations, mais les rassemblements sont restés modestes et les forces de l'ordre n'avaient elles-mêmes prévues qu'un dispositif de sécurité limité. (voir )

Les Frères musulmans, organisation fondée en 1928 qui a survécu à des décennies de clandestinité, étaient jadis capables de mobiliser d'immenses foules, mais leur popularité s'est considérablement érodée au cours de l'année que Mohamed Morsi passée aux affaires.

Le Premier ministre, Hazem el Beblaoui, a publiquement envisagé la semaine dernière la dissolution de la confrérie. Les Etats-Unis ont parlé d'une "mauvaise idée".

Signe de la confiance des autorités mises en place par l'armée, le couvre-feu en vigueur depuis le 14 août, date du démantèlement par la force des campements de partisans des Frères, a été allégé samedi. Il débute désormais à 21h00 (19h00 GMT) au lieu de 19h00, sauf le vendredi.

Fustigeant les ennemis de l'armée, un porte-parole du président par intérim Adly Mansour a déclaré que l'Egypte avait eu des difficultés ces deux derniers mois mais que le pays avait désormais atteint la "zone de sécurité".

"Ceux qui ont essayé et continuent à essayer de briser l'armée égyptienne tomberont aux côtés des Tatars et des Croisés et de tous les autres ennemis dans la même poubelle", a déclaré Ahmed el Meslemani.

Parallèlement, les arrestations d'islamistes se poursuivent. Les autorités égyptiennes ont arrêté dimanche un islamiste proche du frère du chef d'Al Qaïda Ayman al Zaouahri pour avoir livré des armes aux partisans de Mohamed Morsi, a-t-on appris auprès des services de sécurité.

Daoud Khairat a été interpellé au Caire dans le quartier de Nasr. Il est décrit par les autorités comme le "bras droit" de Mohamed al Zaouahri, le frère du chef d'Al Qaïda, qui a lui-même été arrêté en Egypte le 17 août. (voir )

Un des fils de Mohamed al Beltagi, membre éminent des Frères musulmans, a été arrêté dans la ville de Beni Souef, dans le Sud de l'Egypte, ont indiqué les forces de sécurité.

Dimanche également, l'armée égyptienne a annoncé avoir arrêté cinq activistes à Cheikh Zouaïed, une localité du Nord-Sinaï. Ils sont soupçonnés d'avoir participé à des attaques contre les forces de sécurité dans le secteur. (Julien Dury, Jean-Philippe Lefief et Danielle Rouquié pour le service français, édité par Eric Faye.)