• Yova, une nouvelle façon d’investir

Yova est une fintech fondée en 2017 basée à Zürich qui cherche à démocratiser l’investissement d’impact chez les nouveaux investisseurs. La société propose une plateforme entièrement digitale qui permet en quelques clics de se constituer un portefeuille diversifié répondant à des critères ESG précédemment sélectionnés. Dans le détail, après avoir créé son compte, le client peut choisir d’exposer son portefeuille spécifiquement parmi 16 thèmes tels que l’éducation, les énergies renouvelables ou les transports du futur, tout en excluant d’autres thématiques comme les armes, les pesticides ou le charbon. L’algorithme va ensuite lui proposer un portefeuille diversifié de 30 à 40 actions de sociétés cotées en bourse respectant les critères précédemment sélectionnés, tout en laissant le choix à l’investisseur de le personnaliser. Le client peut également ajouter des obligations d’État  à sa stratégie d’investissement.  Les investisseurs peuvent ainsi créer une stratégie durable à partir de 2000 CHF avec un coût variant entre 0,6 et 1,2% selon le montant investi.

L’année 2020 fut signe de croissance pour cette start- up zurichoise avec une levée de fonds à hauteur de 4 millions de francs et une expansion vers l’Allemagne.

L’investissement mené par la communauté Yova a ainsi permis decompenser en 2020 des émissions de CO2 équivalant à près de 34 millions de kilomètres de déplacements en voiture, l’investisseur pouvant suivre son propre impact écologique au quotidien via une application. De plus, par souci de transparence, Yova organise plusieurs évènements par an permettant aux investisseurs d’échanger avec les PDG ou autres directeurs financiers afin de leur faire part de leurs questions.

En résumé, cette plateforme permet aux non-initiés d’investir durablement et de manière diversifiée.

  • Aviva Investors monte le ton contre les entreprises les plus  polluantes.

Aviva Investors la branche de gestion d’actifs du groupe Aviva Plc, qui gère 408,5 milliards d’euros fin 2019 a dévoilé son programme visant à renforcer son engagement en faveur du climat (Climate Engagement Escalation Programme), axé sur ses investissements dans 30 entreprises dans le secteur du pétrole et du gaz. La société de gestion exigera de ces entreprises qu’elles ne produisent plus aucune émission nette d’ici à 2050 et qu’elles définissent un plan d’action solide dans le cadre de la transition énergétique, et ainsi démontrer leur engagement à agir immédiatement.

Aviva Investors considère que le changement climatique est le plus grand défi auquel sont confrontées les économies mondiales et les entreprises. Les conséquences de l’inaction de ces entreprises seraient catastrophiques au niveau mondial, notamment pour les marchés de capitaux et la valorisation des actifs. Ce programme concerne les entreprises des secteurs du pétrole et du gaz, des métaux, des mines qui contribuent de manière substantielle aux émissions totales de carbone dans le monde. Le programme prévoit notamment l’adoption d’objectifs scientifiquement couvrant l’ensemble de l’empreinte carbone de ces entreprises, leurs business plans et de leur structure capitalistique, ainsi que la révision des mesures incitatives offertes à leurs dirigeants.

Aviva Investors promet de se désengager complètement des entreprises visées, si elles ne répondent pas à ses exigences en matière de lutte contre le changement climatique. Ces désinvestissements s’appliqueront à tous les titres détenus par la société de gestion, qu’il s’agisse d’actions ou de dettes, cela serait la sanction ultime du groupe. Cette décision intervient alors que les gestionnaires d'actifs, notamment BlackRock et Legal & General Investment Management, cherchent à accroître la pression sur les entreprises pour qu'elles élaborent un plan de transition vers une économie à faible émission de carbone, avant le prochain cycle de négociations mondiales sur le climat lors de la COP26 qui se tiendra à Glasgow en Écosse.

  • Prix du carbone : un “Green Swan ? 

Alan Hsu global Industry analyst chez Wellington Management nous explique dans un article paru sur le blog du gestionnaire d’actif pourquoi la mise en place d’un prix du carbone qui est censé intégrer (internaliser) les “coûts cachés” (externalités) dans les prix de marché pourrait constituer un green swan. Il fait un clin d'œil ici à l’expression “Black Swan” de l’auteur star Nassim Nicholas Taleb

Selon l’analyste, les habitudes ainsi que les modèles d’évaluation des actifs financiers utilisés par les acteurs de marché ne parviendraient pas à intégrer les externalités causées par le réchauffement climatique dans les prix de marché. Ainsi, les prix du carbone pourraient s’apparenter à un cygne noir puisque dans les modèles probabilistes conventionnels ils seraient largement sous évalués compte tenu d’une probabilité d’occurence sous estimée et des conséquences rétroactives qui elles non plus ne sont pas prises en compte. Et Alan Hsu d’ajouter que “Les acteurs du marché semblent avoir une compréhension limitée des systèmes de tarification du carbone et doutent de leur mise en œuvre, alors qu'ils pourraient affecter profondément la valeur des actifs”. 

Plusieurs problèmes se posent donc. En effet, si les opérateurs de marchés doutent réellement de leur mise en œuvre, alors il se pourrait qu’un nombre significatif d’actifs soient sur-évalués et ce dans des limites dépassant largement les seuls entreprises pétrolières (voir graphique ci-dessous). D’autant que les politiques semblent de plus en plus prendre en compte l’urgence climatique et qu’in-fine, l'augmentation du nombre de mesures de plus en plus contraignantes sur l’extraction fossile ne paraît pas être une hypothèse extravagante. Dès lors, si Alan Hsu dit vrai, il y aurait une distorsion entre les anticipations des investisseurs et les effets des politiques publiques à venir. Voilà un autre argument qui donne du grain à moudre à ceux qui pensent que les marchés sont potentiellement en bulle. Dès lors, on comprend mieux l’urgence que constitue la mise au point d’un système de notation ESG unifié et cohérent.

Source :  Bdf et “Cahen-Fourot et al., 2019. Note : Des actifs échoués (sous-emploi forcé du capital) dans le secteur extractif fossile entraîneront directement ou indirectement des naufrages d’actifs dans des secteurs en aval”.

  • 10 tendances ESG à considérer dès cette année

UBS a publié il y a quelques jours dix grandes tendances à surveiller dans le domaine de l'ESG cette année. Ces thèmes sont à prendre en compte car ils pourraient bouleverser ou accélérer les tendances actuelles sur les marchés, créant à la fois des opportunités et des risques. Nous vous livrons ici une version synthétisée :

    • Ce sont les investisseurs qui vont mettre eux-mêmes la pression sur les entreprises et les gérants pour qu'ils prennent des engagements, et non plus seulement les contraintes réglementaires.
    • L'investissement d'impact va prendre du poids, à mesure que les investisseurs vont se positionner sur des objectifs durables dans le domaine du climat, des inégalités ou de la santé.
    • L'adoption du transport électrique est plus rapide que prévu. UBS sait bien que beaucoup d'acteurs industriels pensent que son objectif d'une part de marché de 40% pour les véhicules électriques en 2030 est trop élevé, mais la banque suisse en vient à penser qu'il est peut-être trop bas.
    • Compte tenu des objectifs fixés par les Etats, il devient critique de ralentir voire de cesser les nouveaux investissements dans l'économie fossile et de les réorienter vers les mesures d'adaptation.
    • Au lieu de voir les majors pétrolières comme un problème dans la transition énergétique, elles pourraient devenir une partie de la solution car honorer la facture de la transition semble inenvisageable sans les investissements de ces entreprises.
    • La diversité et l'inclusion pourraient devenir des thématiques majeures de la décennie, et 2021 une année propice à la détermination de critères de mesure.
    • UBS croit à un gros développement de l'alimentation végétale.
    • 2021 pourrait être l'année où l'analyse de la transition climatique deviendra incontournable, ouvrant la voie à une surtaxation du capital des pollueurs à moyen terme.
    • Enfin, les données liées au développement durable vont devenir de plus en plus importantes, avec un rush des fournisseurs d'indices et de datas dans ce domaine. 

  • Et aussi 
    • DPAM a lancé le fonds Invest B Equities DRAGONS Sustainable. Il cible des entreprises cotées de la région Asie-Pacifique, spécialisées sur des thèmes disruptifs et prometteurs. L'acronyme DRAGONS est composé à partir des termes "Disruptives, Rising middle-class (classe moyenne montante), personnes Agées et santé, Génération Z, O² et écologie, Nanotechnologie et Sécurité. Le fonds n'a pas un positionnement ESG très strict, puisqu'il investira dans des entreprises "dont la réputation en matière d'ESG est solide ou en voie d'amélioration". 
    • Lyxor ETF Research, dans son rapport 2020, indique que les ETF ESG ont représenté plus de la moitié du total des flux sur le marché européen des ETF en 2020 et qu'ils ont offert un rendement excédentaire moyen de 1,4% par rapport à la moyenne de leurs équivalents respectifs. 
    • Tocqueville Finance a inauguré Tocqueville Global Tech ISR, l'un des premiers fonds de la catégorie qui peut se prévaloir du label. La gestion explique qu'elle utilise des critères ESG "exigeants", basés notamment sur la notation créée par La Banque Postale Asset Management et des filtres internes. Plus de détails ici.
    • Le saviez-vous ? Notre partenaire Trackinsight dispose d'un site dédié aux ETF ESG, qui référence les fonds disponibles et permet de la classer selon les méthodologies qu'ils utilisent. Il y a même une section qui classe les ETF par rapport aux objectifs de développement durable (SDG) des Nations Unies.