(Actualisé avec déroulé de la manifestation, citations)

par Steve Scherer

ROME, 28 septembre (Reuters) - Environ 30.000 personnes ont défilé pacifiquement vendredi dans Rome à l'appel de deux des principaux syndicats italiens pour protester contre les coupes budgétaires mises en oeuvre par le gouvernement de Mario Monti.

Cette manifestation, à laquelle participaient surtout des salariés du secteur public, conclut une semaine marquée par des affrontements à Madrid et à Athènes en marge de rassemblements similaires contre l'austérité. (voir et )

"Cessez de frapper les plus faibles, nous avons déjà assez donné" : le mot d'ordre visait le nouveau coup de rabot sur les dépenses publiques décidé en août par le gouvernement de Mario Monti alors que les salaires dans la fonction publique sont déjà gelés depuis plus de deux ans.

Depuis août, la colère contre l'austérité et les suppressions d'emploi monte et avec elle les conflits sociaux.

Professeurs d'université, fonctionnaires, personnels des secteurs de la santé et éboueurs ont cessé le travail pour soutenir le défilé. Les personnels du Colisée et du Forum ont eux aussi quitté leurs postes, ce qui a entraîné la fermeture de ces deux sites, très prisés des touristes.

"AFFAMER LA BÊTE"

"Pour le moment, je ne vois aucun avenir qui nous donne de l'espoir, particulièrement pour la jeunesse", a déclaré un ancien militaire, Emilio Amiraglia, qui participait à la manifestation.

"Nous sommes ici pour protester contre la politique de Monti, parce que, pour l'instant, il n'a fait payer que les plus faibles", explique Pio Zappaterreno, syndicaliste, en se dirigeant avec ses collègues de la CGIL vers le point de rassemblement dans le centre de Rome.

L'austérité mise en oeuvre par l'équipe Monti depuis son arrivée au pouvoir, sans élection, en novembre 2011, a réduit les dépenses des ménages italiens et accentué la récession de l'économie italienne.

Le taux de chômage a atteint en juillet 10,7% de la population active, du jamais vu depuis 2004.

Ces nouvelles coupes dans les dépenses publiques s'ajoutent à d'autres réformes impopulaires, dont la modification du code du travail, l'augmentation des impôts et la baisse des pensions de retraite.

"Il n'est pas vrai qu'en taillant dans l'administration publique, ils réduiront la dette. Ils l'aggraveront", a lancé Susanna Camusso, secrétaire générale de la CGIL, à la foule. "La politique suivie jusqu'ici a rendu les choses pires, pas meilleures."

"Affamer la bête, l'affaiblir, la rendre inefficace, entraver son potentiel, interrompre ses missions: voilà les principes qui sous-tendent la politique du gouvernement en matière de fonction publique", avaient auparavant déclaré les dirigeants de la CGIL dans une lettre ouverte.

Mario Monti a pour la première fois clairement déclaré jeudi qu'il serait prêt à rester à la tête du gouvernement après les élections législatives prévues au printemps 2013 si le scrutin ne débouchait pas sur une majorité claire.

Ces déclarations du chef du gouvernement italien, qui reste la personnalité politique la plus populaire du pays, ont déclenché un tollé dans les rangs de l'opposition. (Steve Scherer; Henri-Pierre André, Jean-Stéphane Brosse et Danielle Rouquié pour le service français)