Philippe Mudry,

L'Agefi

PARIS (Agefi-Dow Jones)--Ceux qui espéraient voir l'Allemagne s'affranchir de sa pusillanimité budgétaire seront déçus : l'accord de gouvernement esquissé entre la Chancelière Merkel, ses alliés bavarois et leur partenaire social-démocrate n'a rien qui laisse prévoir un vrai changement de la politique économique poursuivie depuis des années.

Le SPD n'a obtenu qu'un maintien des niveaux des retraites, une relance très modérée des investissements en infrastructures et dans le système éducatif, et des allègements d'impôts pour les revenus moyens et modestes. Mais le dogme de l'équilibre budgétaire n'est pas remis en cause, signe que la Chancelière juge que l'opinion publique ne l'admettrait pas.

Sur le chapitre de l'Europe, les engagements sont un peu plus substantiels : la coalition se prononce pour la transformation du Mécanisme européen de stabilité (MES) en un fonds monétaire européen ainsi que pour des "fonds spécifiques" consacrés à la stabilisation économique, la convergence sociale et la réforme structurelle de la zone euro.

L'accord indique encore que l'Allemagne serait prête à augmenter sa contribution au budget de l'Union européenne. Autant de signaux bien accueillis à Paris même s'ils ne marquent aucune inflexion forte des positions allemandes traditionnelles ; et rien en particulier qui permette aux socio-démocrates d'espérer si peu que ce soit atteindre leur objectif de parvenir à des "Etats-Unis d'Europe" en 2025.

La Bourse, en hausse d'un demi-pourcent vendredi, n'a retenu que la perspective concrète de voir l'Allemagne sortir enfin de son impasse gouvernementale. Mais rien ne dit que les militants SPD valideront l'accord. En cas de rejet, nul doute que les indices marqueront durement le coup.

-Philippe Mudry, Directeur des rédactions de L'Agefi ed: VLV

L'Agefi est propriétaire de l'agence Agefi-Dow Jones