GAZIANTEP, Turquie, 23 avril (Reuters) - La chancelière allemande Angela Merkel est arrivée samedi dans la province turque de Gaziantep, frontalière de la Syrie, où elle doit rencontrer le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu afin d'aplanir les tensions apparues dans la gestion de la crise des migrants ainsi qu'entre Berlin et Ankara.

Merkel, accompagnée par le président de la Commission européenne Donald Tusk et le vice-président de la CE Frans Timmermans, doit visiter un camp de réfugiés dans la ville de Nizip avant des entretiens avec Davutoglu.

La sécurité a été renforcée dans la ville de Gaziantep, capitale de la province du même nom qui a été, au cours des dernières semaines, la cible de tirs de roquettes en provenance du territoire syrien sous contrôle du groupe Etat islamique (EI).

La télévision turque a montré des images d'Ahmet Davutoglu et d'autres responsables accueillant Angela Merkel à l'aéroport local.

Cette visite de la chancelière allemande intervient dans un contexte de tension entre Berlin et Ankara après la plainte déposée en Allemagne par Recep Tayyip Erdogan contre un humoriste qui, lors d'une émission de télévision, avait notamment taxé le président turc de zoophilie.

Cette question devrait être abordée lors de la rencontre avec Ahmet Davutoglu mais un responsable turc a indiqué que l'entrevue sera principalement consacrée aux relations entre l'Union européenne et la Turquie et à l'application de l'accord conclu le 18 mars pour limiter l'afflux de migrants vers l'UE.

Les Européens ont promis à la Turquie une aide de trois milliards de dollars.

Le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu a déclaré mercredi que les dirigeants européens devaient faire preuve de pragmatisme, insistant sur les retards dans le versement des fonds promis.

Selon un sondage ZDF publié vendredi, 80% des Allemands disent s'interroger sur la fiabilité de la Turquie dans la crise migratoire.

De plus, la décision d'Angela Merkel de laisser l'enquête judiciaire suivre son cours a suscité l'incompréhension dans une grande partie de la population allemande.

Selon le sondage publié par ZDF, la chaîne sur laquelle l'humoriste a récité son poème, plus de trois Allemands sur cinq disent désapprouver la décision de la chancelière d'accéder aux exigences de la Turquie dans l'affaire du comédien.

Ses détracteurs font valoir qu'Angela Merkel a partiellement contribué au problème en disant à Ahmet Davutoglu lors d'un entretien par téléphone le 4 avril que le poème récité par l'humoriste était délibérément offensant.

(Pierre Sérisier pour le service français)