* Macron a annoncé vendredi son opposition au traité Mercosur-UE

* Johnson met en garde contre toute ingérence

* Berlin juge la décision française inappropriée

BIARRITZ, 24 août (Reuters) - Comme l'Allemagne la veille, la Grande-Bretagne a pris samedi ses distances avec la ligne adoptée par la France et l'Irlande sur le traité de libre-échange entre le Mercosur et l'Union européenne, mettant notamment en garde contre toute ingérence dans les accords commerciaux.

Emmanuel Macron a créé la surprise vendredi en accusant son homologue brésilien, Jair Bolsonora, d'avoir "menti" sur ses engagements climatiques et en annonçant "dans ces conditions" l'opposition de la France à ce projet d'accord commercial, négocié depuis plus de 20 ans.

L'Irlande, par la voix de son Premier ministre Leo Varadkar, a fait une déclaration semblable sur l'accord entre l'UE et le Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay), appelant Brasilia à respecter ses engagements climatiques.

Apparemment décidées sans concertation, ces prises de position ont été accueillies avec prudence, voire une certaine distance par des dirigeants européens, à commencer par Boris Johnson dès son arrivée à Biarritz, où s'ouvre dans la soirée le sommet du G7.

"Il y a toutes sortes de gens qui prendront n'importe quelle excuse pour interférer dans le commerce et contrecarrer les accords commerciaux et je ne veux pas voir ça", a déclaré le Premier ministre britannique.

A Berlin, le porte-parole du gouvernement allemand a estimé que la décision française n'était pas "appropriée" à la situation au Brésil, où l'Amazonie est ravagée par des feux de forêts qui suscitent l'inquiétude de la communauté internationale.

"L'échec de la conclusion de l'accord Mercosur ne contribuerait pas à réduire le défrichement de la forêt tropicale au Brésil", estime le porte-parole dans un communiqué publié vendredi soir.

PAS DE DIVERGENCES ENTRE MACRON ET MERKEL, ASSURE PARIS

Cette question a été abordée lors de l'entretien bilatéral entre Emmanuel Macron et la chancelière allemande Angela Merkel à Biarritz, samedi après-midi.

"Le président a expliqué à Angela Merkel que l'engagement de la France sur le Mercosur c'était un tout, que ça allait avec des conditions clairement énoncées dans le cadre du G20 à Osaka et qu'à partir du moment où il y a une partie de ce tout qui n'est pas respecté, on est en droit de suspendre notre position", a indiqué une source à l'Elysée.

"C'est quelque chose que le président a réexpliqué à la chancelière pour qu'elle comprenne la position qu'il avait prise hier et c'est quelque chose qu'elle a tout à fait compris", a ajouté cette source.

Le chef de l'Etat français a reçu le soutien du président du conseil européen Donald Tusk qui, tout en insistant sur l'importance de l'accord Mercosur-UE, a dit comprendre la "réaction spontanée et tout à fait naturelle" d'Emmanuel Macron.

"C'est difficile d'imaginer qu'il (le traité) puisse être ratifié par les Etats européens tant que le gouvernement brésilien autorisera la destruction du poumon vert de notre planète", a-t-il déclaré samedi en conférence de presse à Biarritz. "Je pense que c'est une opinion largement partagée dans la population" et "je soutiendrai pleinement la proposition d'Emmanuel Macron de soulever le problème lors des discussions entre dirigeants du G7, aujourd'hui et demain."

Connu pour ses tweets intempestifs, le président américain Donald Trump s'est pour sa part fendu d'un message vendredi soir pour souligner les "excitantes perspectives commerciales" entre le Brésil de Bolsonaro... et son propre pays. (William James, Simon Carraud et Marine Pennetier, avec Andreas Rinke, édité par Elizabeth Pineau)