(Actualisé avec autres récations)

PARIS, 2 janvier (Reuters) - Les lauriers tressés par Jean-Luc Mélenchon à Eric Drouet, figure des "Gilets jaunes", lui ont valu mercredi les critiques de responsables politiques de tous bords, y compris de Benoît Hamon pour qui le chef de file de La France insoumise a "quitté les rives de la gauche".

"Je ne comprends plus ce que fait Jean-Luc Mélenchon", a déclaré l'ex-ministre socialiste sur RTL. "En tout cas, il a quitté les rives de la gauche."

Dans une note publiée le 31 décembre sur son site personnel, le député des Bouches-du-Rhône a exprimé sa "fascination" pour Eric Drouet, comparé à un révolutionnaire du XVIIIe siècle portant le même nom de famille, et salué à la fois sa "sage et totale détermination" et son "incroyable aptitude au combat".

"Puisse cette année être la vôtre et celle du peuple redevenu souverain", a-t-il écrit, avant de conclure par un "merci, monsieur Drouet".

Ce chauffeur routier, sans affiliation politique, s'est rendu célèbre en publiant des vidéos sur les réseaux sociaux, ce qui lui a valu d'apparaître comme l'un des porte-parole de facto des "Gilets jaunes" puis d'être reçu fin novembre au ministère de la Transition écologique.

Interpellé fin décembre à Paris, il doit comparaître le 5 juin devant le tribunal correctionnel pour "port d'arme prohibé de catégorie D", "participation à un groupement en vue de commettre des violences ou des dégradations" et "organisation illicite d'une manifestation sur la voie publique".

Eric Drouet fait par ailleurs l'objet d'une enquête ouverte par le parquet de Paris après son appel à "entrer" à l'Elysée.

Les louanges de Jean-Luc Mélenchon relèvent du "petit commerce électoral", selon Benoît Hamon, qui reproche à son ancien confrère du Parti socialiste d'avoir "oublié ce que c'est la droite et la gauche".

"Non seulement on ne se parle pas mais on n'est pas prêts de se parler si ca continue comme ça", a ajouté l'ex-député, qui a quitté le PS en 2017 pour fonder son propre parti, Générations.s.

Durant la dernière présidentielle, les deux hommes, alors concurrents, ont noué des contacts, qui ont tourné court.

Pour le député du Rassemblement national (ex-Front national) Sébastien Chenu, Jean-Luc Mélenchon se livre à une tentative de "récupération" des "Gilets jaunes", un mouvement auquel le leader de LFI de même que le parti d'extrême droite ont apporté un soutien constant depuis la mi-novembre.

Une analyse partagée par le député de La République en marche (LaRem) Lionel Causse. "Il est complètement perdu, il essaie de récupérer ce mouvement 'Gilets jaunes' qu'il ne maîtrise pas depuis le début", a-t-il dit sur BFM TV. (Simon Carraud, édité par Yves Clarisse)