La gauche française a un problème avec Jean-Luc Mélenchon.

Le parti de M. Mélenchon, la France insoumise (LFI), a remporté le plus grand nombre de sièges au sein de l'alliance de gauche qui a remporté une victoire éclatante sur l'extrême droite lors des élections législatives anticipées de dimanche.

La position de tête de son parti lui permet de prétendre de manière crédible au poste de premier ministre de la France. Mais ses espoirs d'entraîner la France vers la gauche semblent anéantis après que les chefs des partis traditionnels ont rapidement exclu de former une coalition avec une personnalité pro-Gaza, adepte des impôts et des dépenses, que de nombreux Français considèrent comme un radical antisémite.

L'alliance de gauche du Nouveau Front populaire (NFP) pourrait tenter de mettre sur pied une coalition difficile à manier sans lui, ou essayer de former un gouvernement minoritaire en concluant des accords individuels sur la législation avec ses rivaux, mais aucune de ces solutions ne serait facile à mettre en œuvre.

M. Mélenchon, qui nie les accusations d'antisémitisme, "est la figure qui divise le plus au sein du PFN", a déclaré le dirigeant socialiste Olivier Faure, se référant à l'alliance de gauche du Nouveau Front Populaire (PFN).

D'autres membres du PFN, s'exprimant sous le couvert de l'anonymat, ont été encore plus francs.

"Mélenchon est un problème", a déclaré à Reuters un législateur du parti des Verts.

M. Mélenchon, 72 ans, est un pilier de la gauche française depuis des décennies, occupant des postes ministériels dans les gouvernements précédents lorsqu'il était membre du parti socialiste. Il s'est présenté à l'élection présidentielle en 2012, 2017 et 2022, arrivant troisième cette année-là derrière la dirigeante d'extrême droite Marine Le Pen et le président français Emmanuel Macron.

Bien qu'il ne soit pas lui-même législateur, il exerce une forte emprise sur la LFI. Admirateur des leaders révolutionnaires latino-américains, il prône le contrôle des prix, une forte augmentation du salaire minimum et le rétablissement de l'impôt sur la fortune.

Sa réputation a été mise à mal en 2018 lorsqu'il a été filmé en train de crier "Je suis la République !" aux enquêteurs anti-graffitis qui perquisitionnaient le siège de son parti

La question de savoir comment traiter Mélenchon n'est qu'un des maux de tête auxquels sont confrontés les nouveaux législateurs français alors qu'ils cherchent à tracer une voie à suivre pour un pays peu habitué aux gouvernements de coalition chaotiques que l'on voit souvent en Allemagne et aux Pays-Bas.

DISCUSSIONS COMPLEXES

Les dirigeants des partis composant le PFN se sont réunis pour discuter de la personne qui devrait remplacer le Premier ministre Gabriel Attal, qui a présenté sa démission à M. Macron lundi, mais qui devrait rester en poste à titre intérimaire.

Une source du parti communiste, l'un des plus petits membres du PFN, a déclaré que les discussions portaient également sur la stratégie que l'alliance devrait adopter. La forte présence des socialistes au sein de l'alliance du PFN leur a donné plus de poids qu'auparavant.

M. Mélenchon a été le premier dirigeant politique à réagir aux résultats des législatives de dimanche, dans ce qui semblait être un premier pas vers le poste de premier ministre. Il a déclaré que le résultat était une mise en accusation accablante de Macron et de l'extrême droite.

"Le président doit inviter le nouveau Front populaire à gouverner", a-t-il déclaré.

Les principaux opposants de M. Mélenchon se sont empressés de dire qu'ils ne feraient pas affaire avec lui.

L'ancien Premier ministre Edouard Philippe, qui est considéré comme un successeur possible de Macron en 2027, a déclaré que tout gouvernement de coalition potentiel "ne peut être l'œuvre d'un seul homme".

"La crédibilité de notre pays pourrait en pâtir et les forces politiques centristes doivent sans compromis passer un accord pour stabiliser la politique mais sans la France Insoumise et le RN", a-t-il déclaré.

Le deuxième bloc de M. Macron, ainsi que les représentants des Républicains de centre-droit, ont également semblé exclure une coalition avec M. Mélenchon.

La chef de file des Verts, Marine Tondelier, l'une des grandes vedettes de la campagne, elle-même candidate potentielle au poste de premier ministre, s'est montrée plus circonspecte. Elle a déclaré à la radio France Inter que le poste pourrait être occupé par un membre de LFI, des Verts ou des socialistes.

Arthur Delaporte, législateur du parti socialiste, s'est montré moins inquiet quant au rôle de M. Mélenchon dans les négociations à venir.

"Il y a un problème Mélenchon dans le sens où il divise", a déclaré M. Delaporte à Reuters. "Mais c'est un non-problème parce qu'il ne sera pas Premier ministre. (Reportage complémentaire et rédaction par Gabriel Stargardter ; édition par Richard Lough et Philippa Fletcher)