ROME (Reuters) - Le président du Conseil italien Mario Draghi a annoncé jeudi sa démission, prenant acte de la rupture de la coalition gouvernementale après le boycott par le Mouvement 5 Etoiles (M5S) d'un vote de confiance sur un texte au Sénat, une démission toutefois refusée par le président de la République.

Mario Draghi s'était rendu au Quirinal dans l'après-midi, après la sécession de facto du M5S, pour un entretien avec le président de la République, Sergio Mattarella, arbitre du jeu politique en Italie.

L'ancien président de la Banque centrale européenne (BCE), au pouvoir à Rome depuis février 2021, avait regagné ses bureaux sans un mot à l'issue d'une heure de discussion.

"Je remettrai ma démission ce soir au président de la République", a-t-il annoncé dans un communiqué publié ultérieurement. "La coalition d'unité nationale qui soutenait le gouvernement n'existe plus", a souligné celui qui a toujours refusé un mandat purement "politique".

Sergio Mattarella a refusé la démission de Mario Draghi et a demandé à ce dernier de s'adresser au Parlement pour évaluer la situation politique, a fait savoir la présidence à Rome.

L'Italie plonge une nouvelle fois dans une crise politique, déclenchée par la décision du M5S de Giuseppe Conte - le prédécesseur de Mario Draghi à la tête du gouvernement.

Les sénateurs de ce parti "anti-système" n'ont pas participé jeudi à un vote de confiance demandé par l'exécutif - procédure d'accélération parlementaire - lors de l'examen d'un décret-loi prévoyant quelque 23 milliards d'euros de mesures pour aider les ménages et les entreprises face à la flambée inflationniste.

Giuseppe Conte avait estimé mercredi que le gouvernement devait faire davantage pour s'attaquer aux problèmes sociaux de la troisième économie de la zone euro.

Mais le décret-loi contient également une mesure que réprouve le M5S : la construction d'un incinérateur d'ordures géant à Rome.

Le vote de confiance à la chambre haute a été remporté par 172 voix contre 39.

Mais Mario Draghi, qui disposait malgré tout de la majorité sans le M5S, avait prévenu : il ne gouvernerait pas sans ce parti, devenu la première force politique du Parlement à la faveur des élections générales de mars 2018. La cote de confiance du M5S s'est, depuis, érodée auprès de l'électorat.

Le prochain scrutin, destiné à élire les 200 sénateurs et 400 députés italiens, était prévu en mai 2023, mais la démission de Mario Draghi devrait bouleverser le calendrier électoral, avec des élections anticipées en septembre ou octobre.

Les marchés financiers ont vivement réagi à ce coup de théâtre dont la politique italienne est coutumière, avec une chute de plus de 3% de la Bourse de Milan jeudi après-midi et une remontée en flèche des rendements obligataires.

(Reportage Giuseppe Fonte et Angelo Amante; version française Dagmarah Mackos et Sophie Louet, édité par Jean Terzian)

par Giuseppe Fonte et Angelo Amante