LONDRES, 13 mai (Reuters) - Voici les grands thèmes susceptibles de s'imposer aux traders et aux investisseurs dans la semaine qui vient:

1. TEMPETES POLITIQUES

Le blocage politique en Grèce soulève des inquiétudes sur la capacité et la volonté d'Athènes de prendre les mesures que certains responsables européens - notamment allemands - jugent indispensables pour que la pays puisse rester dans l'euro. Ces craintes coïncident avec une pression croissante exercée sur les banques espagnoles et, partant, la dette souveraine de la quatrième puissance économique de la zone euro. Ce mélange toxique commence à faire son effet sur les marchés monétaires, qui avaient jusqu'ici échappé à la volatilité à l'oeuvre sur d'autres marchés grâce à deux opérations de refinancement à trois ans (LTRO) de la Banque centrale européenne (BCE). Des instruments de mesures de tensions en matière de financement - tel que le swap de base euro/dollar - sont encore loin des extrêmes constatés lors d'un précédent pic de la crise de la dette. Mais les investisseurs ont conscience qu'une nouvelle détérioration prononcée des conditions de financement pourrait forcer les banques à puiser dans leurs lignes hebdomadaires en dollars, peu demandées depuis les deux LTRO de la BCE. Les marchés monétaires attendent également la décision de Moody's sur les notes des banques de la zone euro, qui, le cas échéant, pourrait annoncer un été difficile pour ces établissements. Tous ces éléments ont conduit les intervenants à se dire que les chances de nouvelles mesures de la BCE sont moins minces que prévu.

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2. FUITE VERS DES ACTIFS SURS

Les investisseurs cherchant à se mettre à l'abri des conséquences de la nouvelle phase de la crise de la dette de la zone euro se sont rués sur les emprunts du Trésor américain, les Bunds allemands, les obligations souveraines britanniques, japonaises, voire nordiques. De tels flux vont pousser le rendement des plus liquides de ces titres vers de nouveaux plus bas historiques. Les acteurs du marché scruteront les moindres signes de désaccords - ou d'unité - sur la manière de régler les dossiers de la dette lors des prochains rendez-vous politiques internationaux - réunions de l'Eurogroupe et de l'Ecofin, rencontre Angela Merkel-François Hollande, réunions du G8 à Camp David. Un des principaux thèmes à l'ordre du jour sera la définition d'un "pacte de croissance" crédible qui ne vienne pas saper les bases du pacte budgétaire déjà sur les rails. Les marchés actions réserveront sûrement un bon accueil à un plus grand accent mis sur la croissance mais les marchés obligataires pourraient être plus sceptiques si trop de compromis sont consentis sur la discipline budgétaire.

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3. GAINS EFFACES

La crise de la zone euro démultiplie les doutes des acteurs du marché au sujet des perspectives économiques, au premier chef en Europe. Les derniers indicateurs macro-économiques n'ont nullement contribué à lever ces doutes et les chiffres du produit intérieur brut (PIB) de la zone euro dans son ensemble et de ses pays membres devraient confirmer la faiblesse de la conjoncture. Dans ce contexte conjoncturel morose, la volatilité à l'oeuvre sur les marchés actions européens a atteint un pic depuis le début d'année et ces marchés font moins bien que les indices boursiers mondiaux, y compris le plus résistant Footsie 100 de la Bourse de Londres, désormais dans le rouge depuis le 31 décembre 2011. L'indice Ibex de la Bourse de Madrid est encore plus mal en point puisqu'il a effacé tous ses gains accumulés depuis le rebond du marché boursier mondial entamé en mars 2009. L'Ibex est même tout près d'un creux de 2003. Maintenant que l'Etat espagnol a été contraint de racheter Bankia, quatrième banque du pays, les investisseurs vont vouloir savoir à quelle hauteur l'établisssement doit être aidé. Cette nationalisation illustre la symbiose entre Madrid et ses banques, ce qui peut donner un nouvel argument aux investisseurs pour encore faire grimper le rendement espagnol.

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4. NUAGES ECONOMIQUES

Les coûts de financement que doit supporter l'Espagne vont vraisemblablement encore augmenter la semaine prochaine lorsque Madrid émettra des titres de dette dans ce contexte de préoccupations sur le secteur bancaire du pays. Même si l'Espagne a déjà assuré la moitié de ses besoins de financement pour l'ensemble de l'année, la quatrième puissance économique de la zone a encore d'importants défis devant elle en la matière. D'après des données récueillies sur le marché obligataire, les transactions impliquant de jouer contre de la dette souveraine grecque sont très nombreuses. A l'inverse, d'après ces mêmes données, spéculer contre de la dette italienne semble être passé de mode. Evolution qui peut être une source de réconfort pour l'Italie, moins avancée dans son programme d'émissions annuel que l'Espagne.

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5. L'EURO A ENFONCE LE $1,30

Le fait que l'euro soit enfin passé sous la barre de 1,30 dollar semble suggérer qu'il est parti pour descendre jusqu'à 1,25 dollar. Les volatilités implicites sur un mois ont rebondi ces dernières semaines et il y a une demande croissante pour des options donnant aux investisseurs le droit de vendre des euros contre des dollars, des yens ou des livres sterling. (Swaha Pattanaik, Benoit Van Overstraeten pour le service français)