TEL AVIV, 15 août (Reuters) - Environ 10.000 personnes ont manifesté jeudi à Tel Aviv pour souligner qu'en cinq semaines, l'offensive israélienne dans la bande de Gaza n'a pas réussi à faire cesser les tirs de roquettes et de mortiers contre les villes du sud d'Israël en bordure du territoire palestinien.

Il s'agit de la plus importante manifestation de mécontentement contre le gouvernement israélien depuis le lancement le 8 juillet de son opération "Bordure protectrice" contre les tunnels d'infiltration creusés entre Gaza et Israël par les activistes palestiniens.

Deux trêves successives ont fait quasiment taire les armes au prix de la mort de 1.945 Palestiniens, pour la plupart des civils, et de 64 militaires israéliens, ainsi que trois civils en Israël.

Mais les manifestants craignent que les hostilités ne reprennent à la fin du cesse-le-feu le 19 août. Beaucoup estiment que l'armée israélienne devait détruire l'arsenal de roquettes du Hamas, le Mouvement de la résistance islamique au pouvoir à Gaza.

Certains disent se sentir trahis par le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son gouvernement, qui avait promis que la guerre ramènerait le calme dans le sud d'Israël.

"Nous sommes fatigués des promesses", a déclaré Alon Davidi, maire de Sderot, une des villes frontalières les plus touchées par les roquettes en provenance de Gaza, devant les manifestants qui se trouvaient sur la place principale de Tel Aviv.

"(...) Nos vies ne sont pas sans valeur; nous ne sommes pas prêts à accepter un déluge de feu mortel en provenance de Gaza", a-t-il ajouté.

Haim Dahan, 39 ans, originaire d'un kibboutz près de Sderot, a applaudi le maire. Pour lui, Israël doit détruire le Hamas, qui n'accepte pas l'existence de l'Etat d'Israël.

"Il pourrait semble-t-il y avoir un cessez-le feu maintenant, mais dans un an, la situation sera pire que ce qu'elle était quand la guerre a commencé, affirme ce père de quatre enfants.

"Nous devons les écraser. Le Hamas ne doit pas avoir le droit de décider si ma famille peut dormir paisiblement la nuit."

Un groupe d'Israéliens de gauche opposés au gouvernement Netanyahu a également participé à la manifestation en signe de solidarité avec leurs compatriotes attaqués.

"Ils demandent avec raison la tranquillité; et c'est notre travail, et celui du gouvernement, de trouver un moyen d'y parvenir", a déclaré Tamar Zandberg, députée du parti de gauche Meretz, à propos des manifestants.

"Nous avons essayé la voie de la violence un certain nombre de fois", a-te-elle ajouté. "Il semble que ce que nous avons essayé n'a pas marché; aussi le temps est-il venu de changer de direction."

Elle a appelé à la reprise des négociations de paix avec les Palestiniens pour avancer vers une solution à deux Etats. (Allyn Fisher-Ilan; Danielle Rouquié pour le service français)