NATIONS UNIES, 29 avril (Reuters) - Le Conseil de sécurité des Nations unies a renouvelé mardi le mandat des casques bleus déployés au Sahara occidental sans leur adjoindre cependant une mission de contrôle et de surveillance des atteintes aux droits de l'homme.

Plusieurs organisations de défense des droits de l'homme réclamaient cette extension du mandat de la Minurso, la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental déployée depuis 1991 dans l'ancienne colonie espagnole que se disputent le Maroc et les indépendantistes sahraouis du Front Polisario.

Mais le texte, s'il "souligne l'importance d'améliorer la situation des droits de l'homme au Sahara occidental et dans les camps de Tindouf (ndlr, en Algérie)", ne reprend par l'appel lancé par le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, en faveur d'un mandat élargi à la surveillance des atteintes aux droits de l'homme.

L'idée est totalement rejetée par le Maroc, qui occupe le territoire depuis le départ des Espagnols en 1975. Pour Human Rights Watch (HRW), c'est la France qui a apporté un soutien décisif au Maroc pour stopper cette évolution du mandat de la Minurso.

Sur Twitter, Philippe Bolopion, directeur de HRW pour les questions liées aux Nations unies, renvoie à une tribune qu'il a écrite en 2010: "Depuis plusieurs années, à l'abri des portes closes du Conseil de sécurité de l'Onu, la France use du pouvoir de dissuasion que lui confère son droit de veto pour tenir les Nations unies à l'écart des questions touchant au respect des droits de l'homme dans le territoire annexé par son allié marocain en 1975."

Il a également interpellé directement l'ambassadeur de France à l'Onu, Gérard Araud, mardi sur Twitter.

"La vérité: La France rend possible depuis des années l'allergie improductive du Maroc à tout contrôle des droits de l'homme par l'Onu", écrit-il en anglais.

Gérard Araud lui a répondu, en anglais également et via le même canal: "Le Maroc est capable de défendre ses intérêts et les Etats-Unis de faire des propositions quand ils le souhaitent (ndlr, le texte adopté à l'unanimité par le Conseil était présentée par la délégation américaine). Nul besoin de la France."

A plusieurs reprises, l'ambassadeur de France a nié que Paris ait menacé de faire usage de son droit de veto au Conseil pour bloquer la mise en oeuvre d'un mécanisme de protection des droits de l'homme au Sahara occidental, contrairement à ce que suggéraient deux diplomates.

Selon des responsables français, Paris n'est pas défavorable à l'introduction d'un tel mécanisme mais estime qu'elle conduirait à l'expulsion de la Minurso. (Louis Charbonneau; Henri-Pierre André pour le service français)