par Tiemoko Diallo

BAMAKO, 12 septembre (Reuters) - Les rebelles touaregs du nord du Mali ont déclaré mardi avoir pris le contrôle d'un camp militaire de la ville de Bourem, un signe supplémentaire de l'effilochement de l'accord de paix conclu en 2015 pour mettre fin au mouvement séparatiste dans la région.

Depuis le mois dernier, la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA), qui réunit les principaux groupes rebelles touaregs du nord du pays, est aux prises avec l'armée.

Ces affrontements ont été provoqués en partie par la fin de la mission de maintien de la paix de l'Onu (Minusma), qui a contribué pendant des années à préserver un équilibre précaire, et dont le départ a été réclamé en juin par la junte militaire.

Les combats semblent s'intensifier alors que les deux camps veulent gagner du terrain dans des zones laissées vacantes par les troupes de l'Onu. Bourem se situe à peine à 90 kilomètres au nord de Gao, ville stratégique.

Mohamed Elmaouloud Ramadane, porte-parole de la CMA, a confirmé que celle-ci avait pris dans la matinée le contrôle du camp militaire, après "un affrontement très violent".

Il a dit ne pas connaître pour l'heure le bilan de cet affrontement meurtrier.

Aucun commentaire n'a été obtenu dans l'immédiat auprès de l'armée.

La CMA est composée de groupes reprochant de longue date au gouvernement malien de négliger la communauté touareg et qui cherchent à obtenir l'indépendance de la région désertique qu'ils appellent l'Azawad.

Un soulèvement des rebelles touaregs en 2012 a été éclipsé par les groupes islamistes, qui commettent des attaques violentes contre les civils et l'armée au Mali, ainsi qu'à travers les pays de la région ouest-africaine du Sahel.

Apaisées par l'accord d'Alger de 2015 signé avec le gouvernement et des milices pro-gouvernementales, les tensions ont été ravivées par la prise de pouvoir de l'armée, à la faveur de deux coups d'Etat en deux ans, et par la décision de la junte en place depuis 2021 de faire appel au groupe paramilitaire russe Wagner tout en demandant le retrait des troupes françaises puis de celles de l'Onu.

Si la fragilité de l'accord de paix avait été constatée dans le passé, avec des affrontements entre les rebelles du nord du pays et l'armée ainsi qu'avec le retrait d'une coalition rebelle des pourparlers de paix l'an dernier, des combats d'une telle ampleur étaient devenus rares, jusqu'à récemment.

Ces affrontements pourraient favoriser l'insurrection islamiste dans le pays, dont des groupes liés à Al Qaïda et à l'Etat islamique contrôlent de larges pans. (Reportage Tiemoko Diallo; version française Jean Terzian)