PARIS, 23 mai (Reuters) - Emmanuel Macron a apporté mercredi son soutien à la candidature de la chef de la diplomatie rwandaise à la présidence de l'Organisation internationale de la francophonie mais a écarté dans l'immédiat un retour d'un ambassadeur français au Rwanda, reconnaissant que la normalisation prendrait du temps.

Les relations entre la France et le Rwanda ont traversé plusieurs zones de turbulences ces dernières décennies, empoisonnées par la question du rôle joué par Paris lors du génocide des Tutsis en 1994.

L'actuel président rwandais Paul Kagamé a notamment accusé en 2014 Paris d'avoir "participé" à ces massacres qui ont fait selon l'Onu 800.000 morts, des accusations rejetées par les autorités françaises.

"Je ne suis pas naïf et sur le sujet de la relation bilatérale, nous n'allons pas régler toutes les difficultés du passé en une annonce ou en quelques signes", a déclaré le chef de l'Etat français à l'issue d'un entretien avec son homologue - leur troisième tête-à-tête en l'espace d'un an.

"Ce qui est d'abord important, c'est qu'on construise l'avenir", a-t-il ajouté, précisant avoir convenu avec Paul Kagamé de travailler de "manière pragmatique sur les sujets d'intérêt" communs, comme le climat et l'innovation.

Concernant la potentielle nomination d'un ambassadeur français à Kigali - un poste inoccupé depuis 2015 -, "je suis sur ce sujet très prudent, il y a eu par le passé de nombreuses tentatives de normalisation qui n'ont pas abouti, je ne souhaite pas aller vers les mêmes erreurs ou les mêmes désillusions".

"On ne va pas normaliser du jour au lendemain, donc aujourd'hui nous n'en sommes pas encore à nommer un nouvel ambassadeur", a-t-il poursuivi. Sur le sujet des archives françaises, "un travail de déclassification a été engagé, je ferai en sorte qu'il se poursuive".

Un groupe de chercheurs va être mis en place dans les mois à venir afin de mener un travail "apaisé et documenté" sur le génocide des Tutsis et d'"améliorer notre connaissance" sur cette période.

La France, a-t-il par ailleurs annoncé, apportera son soutien à la candidature de la ministre rwandaise des Affaires étrangères Louise Mushikiwabo à la présidence de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF).

A ses côtés, Paul Kagamé, présent à Paris pour participer au salon Vivatech, a souhaité un "partenariat fort avec Paris.

"Nous sommes disposés à échanger avec la France et le président Macron a toujours fait preuve de disponibilité, il a une approche qui correspond à une nouvelle époque et à la résolution de nouveaux sujets", a-t-il ajouté. (Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse)