* Visite de trois jours et conseil des ministres franco-allemand

* Unité affichée entre Berlin et Paris avant les élections européennes

* La question de la défense européenne au coeur des débats

par Michel Rose et Sarah Marsh

PARIS/BERLIN, 26 mai (Reuters) - Emmanuel Macron est arrivé dimanche en Allemagne pour une visite d'État suivie d'un conseil des ministres franco-allemand, un déplacement destiné à afficher l'unité entre les deux pays à deux semaines des élections européennes.

Le voyage du président français et de son épouse à Berlin, Dresde et Münster, est la première visite d'État d'un dirigeant français en Allemagne depuis celle de Jacques Chirac en 2000.

Elle est l'occasion de faire le point sur les relations entre les deux grandes puissances économiques européennes alors que le continent fait face aux défis du changement climatique, de la guerre en Ukraine et de la possible réélection de Donald Trump à la Maison blanche en novembre.

Lors d'une cérémonie à Berlin avec le président allemand Frank-Walter Steinmeier, Emmanuel Macron a salué l'amitié franco-allemande et attaqué les nationalites, qui séduisent une partie croissante de la population en France et en Allemagne.

"On laisse les nationalistes et souvent les ennemis de la démocratie tirer tous les dividendes de la démocratie et la critiquer de manière existencielle (...) au moment où il y a ces immenses défis géopolitiques, la guerre, la prospérité, la révolution climatique et technologique", a-t-il dit.

Après cette cérémonie, Emmanuel Macron devait franchir la porte de Brandebourg aux côtés du maire de la ville, Kai Wegner.

Depuis l'arrivée au pouvoir en 2021 du chancelier allemand Olaf Scholz, Paris et Berlin se sont ouvertement affrontés sur des questions allant de la défense à l'énergie nucléaire. Plusieurs compromis ont néanmoins été trouvés récemment, notamment sur les subventions au marché de l'électricité.

"Il y a des tensions dans la relation franco-allemande, mais en partie précisément parce qu'elle a traité de sujets difficiles", observe Yann Wernet, de l'Institut Jacques-Delors de Berlin, soulignant que les deux pays ont réussi à s'entendre sur la nécessité d'élargir l'Union européenne vers l'Est.

DÉFENSE EUROPÉENNE

Cette visite est "une tentative au plus haut niveau politique de démontrer que la relation fonctionne", note Mujtaba Rahman, directeur général pour l'Europe du groupe de réflexion Eurasia. "Mais il existe encore des lacunes fondamentales sur les grandes questions qui pèsent sur l'UE".

L'une des questions clés porte sur la stratégie de défense de l'Union européenne, notamment dans l'éventualité d'un nouveau mandat présidentiel de Donald Trump, considéré en Europe comme un allié peu fiable.

La France, qui possède l'arme nucléaire à la différence de l'Allemagne, plaide pour une Europe plus autonome en matière de défense. L'Allemagne juge pour sa part qu'il n’existe pas d'alternative crédible au bouclier militaire américain.

Lundi, Emmanuel Macron se rendra à Dresde, dans l'est du pays, où il doit prononcer un discours devant l'église Notre-Dame, la Frauenkirche, détruite par les alliés pendant la Seconde guerre mondiale. Il se rendra ensuite mardi à Münster, dans le Land occidental de Rhénanie du Nord-Westphalie.

Le point d'orgue de la visite devrait être le conseil des ministres franco-allemand, qui sera suivi d'un conseil de défense et de sécurité, à Meseberg, non loin de Berlin. L'occasion pour la France et l'Allemagne de tenter de trouver un terrain d'entente sur leurs deux principaux points d'achoppement : la défense et la compétitivité.

Les deux pays tenteront également de s'entendre sur l'agenda européen des cinq prochaines années, alors qu'une percée de l'extrême droite est attendue lors des élections européennes de début juin. (Elizabeth Pineau et Michel Rose à Paris avec Blandine Hénault, Sarah Marsh et Andreas Rinke à Berlin)