BERLIN, 3 janvier (Reuters) - La lutte pour le pouvoir au sein de la direction du parti eurosceptique Alternative pour l'Allemagne (AfD) a éclaté au grand jour samedi, un groupe de dirigeants s'en prenant à son fondateur Bernd Lucke et à ses projets de prise de contrôle du parti.

Dans une lettre à Bernd Lucke obtenue par Reuters, cinq personnalités du parti populiste se disent inquiètes des projets de son fondateur, l'accusent de diriger l'AfD de façon "despotique" et lui demandent une réunion.

L'AfD, fondé en 2013, s'est fait connaître par son opposition aux plans de sauvetage des pays endettés de la zone euro. L'Alternative, a sept députés au Parlement européen et des élus dans trois parlements régionaux allemands, a également pris position contre l'immigration.

Mais la direction du parti est divisée sur ces deux dossiers.

Bernd Lucke dit vouloir éviter une dérive plus à droite du parti qu'il a fondé, tandis que les coprésidents Frauke Petry et Konrad Adam, souhaitent que le parti s'ouvre davantage aux sympathisants de l'extrême-droite.

Avant le congrès de l'AfD prévu pour le 31 janvier, Bernd Lucke a appelé les dirigeants régionaux de l'AfD à venir le rencontrer pour discuter de son projet de modification de la charte du parti visant à lui permettre de diriger seul.

"Nous vous écrivons parce que nous sommes inquiets à propos de l'unité du parti", écrivent à Bernd Lucke Frauke Petry, Konrad Adam et d'autres. "Ce n'est plus seulement 'votre' parti comme vous continuez à l'appeler, mais un parti de milliers de personnes. Nous voulons que vous soyez (...) un parmi trois dirigeants égaux."

"Vous ne construirez pas la confiance par des menaces", écrivent aussi les contestataires.

Sollicitée, la porte-parole de Bernd Lucke a indiqué que le président était en vacances et qu'il n'avait pas de commentaires sur cette lettre.

"Même si je l'avais vue, je ne commenterais pas pour autant son contenu, parce que c'est une question interne au parti", a fait dire Bernd Lucke par sa porte-parole.

Parmi les signataires de la lettre figurent Alexander Gauland, qui dirige le parti dans le Land de Brandebourg. Il a fait récemment sensation en qualifiant Bernd Lucke d'"obsédé du contrôle (...) voulant contrôler chaque détail." (Erik Kirschbaum; Danielle Rouquié pour le service français)