par Cheick Diouara

KIDAL, Mali, 7 février (Reuters) - Un millier de soldats tchadiens, emmenés par le propre fils du président Idriss Déby, progressaient jeudi vers les montagnes du nord-est du Mali afin de se joindre aux forces françaises dans leur traque des combattants djihadistes.

Une colonne de cent véhicules blindés, de voitures tout-terrain et de camions a quitté Kidal, cité saharienne à 1.200 km au nord-est de Bamako, la capitale malienne.

Elle a pris la direction de l'Adrar des Ifoghas, zone montagneuse désertique qui borde l'Algérie où les rebelles islamistes se sont apparemment repliés.

"Notre mission est de combattre le terrorisme et de l'éradiquer de la région", a dit à Reuters le général Mahamat Idriss Déby Itno.

Plus de 2.500 soldats venus du Tchad et du Niger appuient 4.000 militaires français dans cette seconde phase de l'opération Serval, lancée il y a quatre semaines pour protéger Bamako d'une offensive djihadiste et débarrasser le nord du Mali des groupes armés islamistes.

Le ministre malien de la Défense, le général Yamoussa Camara, a déclaré à Reuters que l'armée malienne allait suivre les Français et les Tchadiens jusqu'à Tessalit, près de la frontière algérienne.

"Cela prendra du temps. L'offensive de l'ennemi a été brisée, il a perdu beaucoup de matériel, mais il reste des poches de résistance éparpillées à travers le pays", a-t-il dit.

Les combattants touaregs du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), un moment alliés aux islamistes, disent contrôler Kidal et d'autres villes du nord-est du pays abandonnées par les djihadistes.

Ils se sont engagés à appuyer les Français et les Tchadiens dans leur traque des groupes islamistes.

COMBATTANTS TOUAREGS

Mais ce renversement d'alliance a créé une situation délicate en raison des ambitions autonomistes des Touaregs.

"Il est hors de question que nous abandonnions une seule portion du territoire malien au MNLA", souligne le général Camara.

En l'absence de soldats maliens à Kidal pour le moment, ce sont des combattants du MNLA, à bord de 4x4, qui accompagnent les militaires tchadiens dans leur marche vers le nord.

La recherche d'un modus vivendi entre les autorités de Bamako et les indépendantistes touaregs est une des questions à régler dans les mois à venir pour stabiliser le nord du Mali.

Après la France, les Etats-Unis ont souhaité l'ouverture d'un dialogue entre le gouvernement de Bamako et les Touaregs qui renonceraient à la violence.

"Une solution militaire sans solution démocratique est une solution imparfaite", a déclaré jeudi le secrétaire d'Etat adjoint chargé des affaires africaines, Johnnie Carson. "Nombreux sont ceux qui ont depuis longtemps des revendications politiques légitimes. Il est temps de s'en occuper", a-t-il ajouté.

Réunis au Caire, les dirigeants des pays de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) ont apporté leur soutien à l'intégrité territoriale du Mali et ont condamné le terrorisme, sans faire mention de l'intervention militaire française. (Avec Tiémoko Diallo à Bamako, Richard Lough à Nairobi, Richard Valdmanis à Dakar, Paul Taylor au Caire; Guy Kerivel pour le service français)