* Le séisme survenu vendredi soir a fait plus de 2.000 morts

* Des villages de montagne ont été dévastés

* Des éboulements bloquent certaines routes

* De nombreuses personnes sous les décombres, selon des habitants

par Jihed Abidellaoui et Alexander Cornwell

MOULAY BRAHIM, Maroc, 10 septembre (Reuters) - Les secouristes poursuivaient dimanche leurs recherches pour tenter de retrouver des survivants après le puissant séisme survenu vendredi soir au Maroc, qui a fait plus de 2.000 morts et ravagé des villages dans les montagnes près de Marrakech.

De nombreux habitants ont été contraints ou ont préféré passer une deuxième nuit dehors à la suite de cette secousse de magnitude 6,8, qui a aussi provoqué d'importants dégâts à Marrakech même.

L'un des premiers défis pour les secouristes est d'atteindre les villages les plus affectés dans le Haut Atlas, une région montagneuse parfois difficile d'accès où de nombreuses habitations ont été rasées par le tremblement de terre.

De vastes pans d'une falaise se sont effondrés sur la route près de Moulay Brahim, un village à une quarantaine de kilomètres au sud de Marrakech, bloquant partiellement cette voie sinueuse reliant la ville aux montagnes de l'Atlas.

"Il y a encore beaucoup de gens sous les décombres. Les gens continuent de chercher leurs proches", a dit à Reuters Adini Moustafa, un habitant des environs d'Asni, en bordure d'une route jonchée de rochers.

"Beaucoup de routes sont fermées", a-t-il ajouté.

A Moulay Brahim, des tentes ont été érigées sur un terrain de football poussiéreux tandis que des habitants, enveloppés dans des couvertures, ont passé une nouvelle nuit dehors.

Le ministère marocain de l'Intérieur a fait état de 2.012 morts et 2.059 blessés, dont 1.404 dans un état grave.

Le Maroc a décrété un deuil national de trois jours et le roi Mohammed VI a réclamé des prières pour les morts ce dimanche dans toutes les mosquées du pays.

L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime que plus de 300.000 personnes ont été affectées par le séisme.

"Les prochaines 24 à 48 heures seront décisives pour sauver des vies", a dit Caroline Holt, directrice mondiale des opérations pour la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, dans un communiqué.

MAISONS ÉVENTRÉES

Le village de Tansghart dans la région d'Ansi, sur les flancs d'une vallée où la route en provenance de Marrakach s'élève vers l'Atlas, est le plus touché des diverses localités où se sont rendus des journalistes de Reuters.

De nombreuses maisons, accrochées à la pente, ont été éventrées. Celles qui tiennent encore debout exhibent souvent des trous béants dans les murs. Deux minarets se sont effondrés.

Prostré par terre, Abdellatif Aït Bella, un agriculteur, peut à peine parler et bouger. Sa tête est bandée après avoir été heurtée par des débris.

"Nous n'avons aucune maison où l'emmener et nous n'avons plus à manger depuis hier", dit sa femme Saïda Bodchich, qui craint pour l'avenir de sa famille de six maintenant que son mari, seule source de revenus, est grièvement blessé. "Nous ne pouvons nous appuyer sur personne d'autre que Dieu."

Son village pleure déjà 10 morts, dont deux adolescentes, a dit un habitant.

L'espoir de retrouver des survivants n'est toutefois pas perdu.

Des images tournées samedi à Moualy Brahim montrent ainsi les secouristes extraire une personne des décombres. Deux d'entre eux s'enlacent tandis que la personne est évacuée sur une civière.

Marrakech a aussi subi d'importants dégâts, notamment la médina, vieille ville très fréquentée par les touristes étrangers.

Il s'agit du tremblement de terre le plus meurtrier au Maroc depuis celui qui a frappé Agadir en 1960, faisant au moins 12.000 morts.

De nombreux pays à travers le monde, dont la France, ont exprimé leur solidarité et proposé leur aide au Maroc.

Anne-Claire Legendre, porte-parole du Quai d'Orsay, a déclaré dimanche sur BFM que le Maroc n'avait pas encore sollicité l'aide de la France.

Un Français est mort et huit autres ont été blessés dans le séisme, a-t-elle confirmé.

(Avec Ahmed Eljechtimi et Abdulhak Balhaki dans la région de Marrakech, Jose Joseph à Bangalore, Adam Makary et Omar Abdel-Razek au Caire, Angus McDowall à Londres, rédigé par Tom Perry, version française Bertrand Boucey)