* Les rebelles auraient été stoppés

* Ils se sont emparés de Damara et de Bossangoa

* Paris invite ses ressortissants à la vigilance (Actualisé avec Conseil de sécurité § 7)

par Paul Marin Ngoupana

BANGUI, 22 mars (Reuters) - Les rebelles du Séléka sont arrivés vendredi aux portes de Bangui, provoquant la panique dans la capitale de la Centrafrique, où le président François Bozizé est revenu d'un déplacement en Afrique du Sud.

Selon un responsable de la force régionale de maintien de la paix ayant requis l'anonymat, l'avancée des rebelles a cependant été stoppée par l'intervention d'un hélicoptère de l'armée centrafricaine, dont les tirs ont brisé leur colonne.

Personne n'a pu être joint dans l'immédiat côté rebelle pour commenter cette affirmation. Des responsables centrafricains ont pour leur part déclaré que des combats se poursuivaient sur la route menant à Bangui.

La France, ancienne puissance coloniale, a déclaré que, selon ses informations, les rebelles "ne seraient plus qu'à quelques kilomètres de Bangui".

A Paris, le ministère des Affaires étrangères a appelé toutes les parties "à faire preuve de retenue et à respecter les populations civiles."

Un message d'alerte a été adressé aux ressortissants français, les invitant à restreindre leurs déplacements. "Les dispositions relatives à leur protection seront adaptées en fonction de l'évolution des événements", précise le Quai d'Orsay dans un communiqué.

Le Conseil de sécurité des Nations unies a exprimé ses fortes préoccupations et a "condamné toutes les tentatives de déstabilisation de la République centrafricaine". Les 15 pays membres du Conseil ont en outre appelé à la fin des combats.

Après une progression rapide, le Séléka a annoncé vendredi son intention de prendre Bangui avant la fin de la journée.

"La colonne rebelle, qui se dirigeait vers le sud, a été arrêtée par (...) un hélicoptère de combat", a-t-on toutefois appris par la suite auprès d'une source militaire régionale de haut rang.

"L'hélicoptère a ouvert le feu sur la colonne, l'obligeant à se disperser (...) Les rebelles n'ont pas atteint Bangui", a-t-on dit de même source à Reuters.

François Bozizé, qui se trouvait en Afrique du Sud, est rentré à Bangui vendredi et s'est directement rendu au palais présidentiel, selon des responsables centrafricains.

"Les rebelles ont été repoussés mais des combats se poursuivent entre Damara et Bangui", a dit Pascal Bolanga, conseiller spécial du chef de l'Etat. Il a ajouté que le président dirigeait les opérations militaires du palais.

LA VILLE NATALE DU PRÉSIDENT EST TOMBÉE

Le Séléka a dit auparavant n'être plus qu'à une vingtaine de kilomètres de Bangui et avoir infiltré la périphérie de la capitale.

La population locale et des responsables militaires ont indiqué pour leur part que les rebelles, qui réclament la démission de François Bozizé, s'étaient emparés de Damara, "verrou" situé à environ 75 km au nord de la capitale.

La force régionale africaine déployée l'an dernier en Centrafrique avait fait de Damara une "ligne rouge" à ne pas franchir pour les combattants du Séléka.

Selon des sources militaires et des habitants de Damara, le contingent militaire régional africain n'est pas intervenu lorsque les insurgés ont pris la ville. "Les forces de la force régionale d'Afrique centrale qui y étaient cantonnées ne sont enfuies. Seuls les militaires tchadiens sont restés et ont discuté avec les insurgés", a témoigné Bienvenue Yakessé, un habitant de Damara joint au téléphone par Reuters.

Un haut responsable de la force de paix régionale a fait valoir que son mandat ne lui permettait pas d'intervenir à moins d'être elle-même attaquée.

A Bangui, les habitants pris de panique ont déserté les rues, les commerçants ont tiré leurs rideaux et les écoles ont renvoyé leurs élèves chez eux après l'annonce par la radio nationale de la progression des rebelles.

D'après un haut responsable centrafricain de la défense, les insurgés se sont aussi emparés de Bossangoa, l'une des plus importantes villes du pays, située à quelque 300 km de la capitale. Elle est aussi la ville natale du président. "C'est grave. Bossangoa est tombée", a-t-il dit. "Nos hommes ont tenté de résister mais sans succès".

Le Séléka a repris les armes cette semaine après avoir accusé le chef de l'Etat de ne pas avoir respecté ses promesses contenues dans l'accord de réconciliation conclu en janvier à Libreville.

Ils ont annoncé qu'ils rompaient la trêve en estimant insuffisantes et trop tardives les concessions faites par le président François Bozizé, lui-même parvenu au pouvoir en 2003 à la faveur d'un coup d'Etat.

D'après les autorités centrafricaines, François Bozizé se trouvait vendredi en Afrique du Sud pour y rencontrer son homologue Jacob Zuma et il a obtenu un renforcement du contigent sud-africain, fort de 400 hommes jusqu'à présent, en Centrafrique.

"Nous pouvons annoncer l'expression par le président sud-africain de son soutien fraternel via l'envoi de renforts", a déclaré à la population David Gbanga, directeur de la radio d'Etat. "Arrêtez de paniquer et restez calmement chez vous."

Le ministère sud-africain de la Défense a refusé de s'exprimer. (avec Daniel Flynn à Dakar et Ange Aboa à Abidjan; Jean-Loup Fiévet, Bertrand Boucey et Julien Dury pour le service français)