* Ils étaient entre 60.000 et 150.000 le 16 décembre

* Les opposants au texte reçus à l'Elysée

* L'UMP compte utiliser tous les moyens à l'Assemblée (Actualisé avec association §11-12)

PARIS, 25 janvier (Reuters) - Les partisans du "mariage pour tous", qui appellent à manifester dimanche à Paris deux jours avant l'examen du projet de loi par les députés, refusent toute guerre des chiffres deux semaines après la forte mobilisation des opposants au texte.

Quelque 340.000 personnes selon la police, un million selon les manifestants, ont défilé le 13 janvier dernier dans les rues de Paris contre le projet de loi ouvrant la voie au mariage et à l'adoption aux couples de même sexe.

Plusieurs membres du collectif regroupant les opposants, qui souhaitent l'arrêt du processus parlementaire et une révision du texte pour remplacer le mariage par une union civile, ont été reçus à l'Elysée par François Hollande vendredi soir. Faute d'être entendus, ils menacent de battre de nouveau le pavé.

A l'Elysée, on fait état de "la détermination" du président à faire voter ce projet qui constitue la plus grande réforme sociétale depuis l'abolition de la peine de mort en 1981.

"Je suis confiant quant à l'avenir du texte mais il y a un besoin pour de nombreux Français d'exprimer un ras-le-bol face au climat d'homophobie décomplexée ambiant et de rappeler le principe d'égalité entre les citoyens", explique Nicolas Gougain, porte-parole de l'Inter LGBT qui appelle avec le collectif "Agissons pour l'égalité nouvelle" à manifester dimanche. "Il s'agit également de rappeler le gouvernement à ses engagements en matière d'égalité, concernant la PMA notamment."

La question de la Procréation médicalement assistée (PMA) pour les homosexuelles, initialement prévue dans le cadre du projet de loi qui sera examiné à partir de mardi par les députés, sera intégrée au projet de loi sur la famille appelé à être examiné en mars. (voir )

DECONSTRUIRE LES FANTASMES

Le cortège parisien partira de la place Denfert Rochereau et défilera jusqu'à la place de la Bastille. Des manifestations sont également prévues samedi dans plusieurs villes, notamment à Brest, Clermont-Ferrand, La Rochelle, Lyon et Montpellier.

Face à la forte mobilisation des opposants au texte, les partisans du mariage pour tous n'entendent pas pour autant rentrer dans une guerre des chiffres.

"C'est indéniable que des gens vont manifester dimanche pour exprimer leur incompréhension après la manifestation du 13 janvier qui s'opposait à une égalité des droits entre les citoyens", souligne Nicolas Gougain.

"Mais notre message ne s'adresse pas aux opposants, il s'adresse à la société tout entière et aux législateurs qui ont pour devoir de déconstruire les fantasmes et la peur véhiculés par l'opposition."

Un avis partagé par Patrick Sanguinetti, co-président de l'association homosexuelle chrétienne David et Jonathan.

"Le chiffre qui nous inquiète vraiment, ce n'est pas le nombre de participants à la manifestation, c'est le nombre de suicides chez les jeunes homosexuels", a-t-il dit à Reuters.

Les partisans du texte espèrent toutefois réunir plus de manifestants que le 16 décembre. Entre 60.000 et 150.000 personnes avaient alors défilé à Paris pour soutenir le projet de loi du gouvernement socialiste.

Invitée sur i>tété, la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, a relativisé vendredi le risque d'une mobilisation moins forte dimanche que le 13 janvier dernier.

"Tous ceux qui ont battu le pavé savent qu'il est toujours plus facile de manifester contre un texte que pour un texte", a-t-elle estimé. "Donc rien de bien surprenant [s'il y a moins de monde], on verra après tout, mais la mobilisation ne se fait pas que dans la rue, elle se fait dans la société, écoutez ce que vous disent les Français, il y a une revendication d'égalité qu'il ne faut pas sous-estimer."

BATAILLE PARLEMENTAIRE

A quatre jours du début de l'examen du texte, l'UMP, qui entend utiliser toutes les motions de procédure possibles lors du débat, y compris une motion référendaire, a annoncé qu'elle se battrait. Plus de 5.000 amendements ont été déposés.

"Notre mobilisation dans l'hémicycle sera importante. Nous souhaitons un débat serein mais nous défendrons toutes les procédures", a dit Christian Jacob, le président du groupe UMP.

Après le député de Seine-et-Marne Franck Riester, l'ancien ministre UMP, Benoist Apparu a annoncé mercredi son intention de voter en faveur du projet de loi qui marque selon lui "une reconnaissance de l'amour homosexuel".

Dans une interview au site internet du Journal du Dimanche, la ministre de la Famille, Dominique Bertinotti, a estimé vendredi que la droite était "plus nuancée" qu'on pouvait le croire.

"J'ai entendu, lors de l'examen du texte par la commission des lois, des hommes ou des femmes de droite beaucoup plus mesurés, pondérés, prêts à dire que les couples homosexuels et les familles homoparentales sont une réalité", dit-elle.

"D'autres sont nostalgiques d'un monde qui n'existe plus, d'un monde où il n'y aurait qu'un seul modèle familial. Ce sont parfois des histoires de postures prises par rapport à son électorat, par rapport à ses collègues", ajoute-t-elle. (Marine Pennetier, avec Jean-Baptiste Vey et Emile Picy, édité par Yves Clarisse)