Londres (awp/afp) - Chacun des prêts émis par Greensill Capital dans le cadre d'un programme gouvernemental d'aides aux entreprises face à la pandémie sont allés à des sociétés affiliées au magnat de l'acier britannique Sanjeev Gupta, affirme jeudi le Financial Times.

Citant un rapport de l'administrateur de la faillite de la filiale bancaire allemande de Greensill, le quotidien affirme que les huit prêts émis par cette entité dans le cadre du programme britannique de prêts garantis "peuvent être classés comme liés au groupe Gupta", à savoir GFG Alliance, holding familiale de l'homme d'affaires.

Le FT cite notamment Liberty Pipes, Liberty Steel Newport, Liberty Commodities ou Liberty Industries comme des bénéficiaires de ces prêts.

GFG Alliance et l'administrateur de la faillite de Greensill, Grant Thornton, se sont refusés à tout commentaire, tout comme le Serious Fraud Office, l'équivalent britannique du parquet financier, qui a ouvert une enquête sur la holding de Gupta et ses liens financiers avec Greensill Capital.

La Bafin, l'autorité bancaire allemande, n'a pas non plus souhaité commenter ces informations.

GFG a été plongé dans une crise de liquidités en mars avec la faillite de Greensill Capital, société spécialisée dans les prêts à court terme qui était son principal créditeur et dont la chute a entraîné un vaste scandale politico-financier.

Depuis, Sanjeev Gupta cherche désespérément de nouveaux fonds pour éviter des fermetures d'usines dans sa branche sidérurgique Liberty Steel, même s'il a promis qu'aucun de ses 12 sites britanniques ne mettrait la clé sous la porte.

Le gouvernement britannique a refusé de lui prêter 170 millions de livres, évoquant le caractère "opaque" de GFG.

Trouver des nouveaux fonds est en outre compliqué par l'enquête du SFO pour soupçons de fraude et blanchiment d'argent.

Le Guardian affirmait il y a deux jours que Liberty Aluminium Technologies, une filiale de GFG, pourrait déposer le bilan d'ici quelques jours si sa banque Close Brothers n'accepte pas de lui donner un délai supplémentaire pour payer des créances.

L'affaire a pris un tournant politique au Royaume-Uni car l'ex-Premier ministre David Cameron était l'un des conseillers de Greensill et avait mené un lobbying intense au début de la crise sanitaire - en vain - pour que Greensill ait un plus grand accès aux aides d'Etat aux PME face au coronavirus notamment à un programme de prêts et de garanties de prêts.

Greensill avait toutefois été retenu pour émettre des prêts garantis par le gouvernement britannique dans le cadre d'un programme d'aide aux grandes entreprises touchées par la crise.

afp/buc