par Nidal al-Mughrabi et Bassam Masoud

LE CAIRE/RAFAH, bande de Gaza, 6 mars (Reuters) - Le Hamas palestinien a maintenu mercredi ses conditions pour la conclusion d'un accord de cessez-le-feu dans la bande de Gaza que le gouvernement américain le presse d'accepter, au quatrième jour de ses pourparlers avec les médiateurs égyptiens et qataris au Caire.

Les Etats-Unis espèrent que ces discussions, auxquelles Israël ne participe pas, permettront d'aboutir à une trêve de quarante jours dans la guerre entre l'Etat juif et le groupe islamiste palestinien avant le mois de ramadan, qui débute dimanche ou lundi et pourrait encore exacerber les violences, notamment en Cisjordanie occupée.

"C'est entre les mains du Hamas désormais", a dit mardi le président Joe Biden à des journalistes, estimant qu'une "offre raisonnable" avait été présentée au groupe pour un cessez-le-feu en échange de la libération des otages israéliens qu'il détient.

"Si [les combats] se poursuivent pendant le ramadan, (...) cela deviendra très dangereux", a déclaré le chef de la Maison blanche.

Le Hamas s'est engagé à poursuivre ses discussions au Caire mais la direction du mouvement palestinien répète qu'aucune libération d'otages n'aura lieu sans un arrêt des hostilités, réclame le retrait des troupes israéliennes de la bande de Gaza et le retour dans leurs foyers des habitants chassés par les affrontements.

"Nous faisons preuve de la souplesse nécessaire pour parvenir à une cessation globale de l'agression contre notre peuple mais l'occupation continue de contourner les termes de l'accord", a déclaré le Hamas dans un communiqué.

Israël n'a pas commenté publiquement les raisons de son absence aux pourparlers. Selon une source, il a choisi de s'abstenir en raison du refus du Hamas de fournir une liste d'otages survivants, une demande impossible à satisfaire sans cessez-le-feu préalable car les otages sont disséminés dans les zones de combat, affirme le mouvement palestinien.

Bassem Naïm, haut responsable du Hamas, a déclaré que le Hamas avait présenté son propre projet d'accord et attendait une réponse d'Israël, et que "la balle est désormais dans le camp des Américains".

EXPLOSIONS À KHAN YOUNÈS

Aux Nations unies, les Etats-Unis ont modifié mardi les termes d'un projet de résolution présenté au Conseil de sécurité, apportant désormais leur soutien à "un cessez-le-feu immédiat d'environ six semaines à Gaza ainsi que la libération de tous les otages", selon le texte que Reuters a pu consulter.

Cette troisième révision du texte, depuis que Washington l'a présenté il y a deux semaines, fait suite à des reproches formulés dimanche par la vice-présidente américaine Kamala Harris à l'égard d'Israël, qu'elle a accusé de ne pas suffisamment agir face à la "catastrophe humanitaire" à Gaza.

Lors des primaires du Super Tuesday, les électeurs démocrates américains opposés à la politique pro-israélienne de Joe Biden ont de nouveau fait entendre leur voix, marquant leur volonté de peser sur la suite de la campagne présidentielle.

Face au Hamas qui réclame un cessez-le-feu total, Israël maintient son objectif de poursuivre la guerre jusqu'à l'"éradication" du groupe palestinien.

Les combattants du Hamas ont pris 253 personnes en otage lors de leurs incursions meurtrières du 7 octobre dernier dans le sud d'Israël, qui ont fait 1.200 morts selon le décompte israélien. Plus de 100 otages ont été libérés à la faveur d'une trêve d'une semaine à la fin novembre.

L'offensive de représailles israélienne a fait plus de 30.000 morts dans l'enclave palestinienne, réduite par endroits en champ de ruines et confrontée à une grave crise humanitaire.

Selon le ministère de la Santé de Gaza, administré par le Hamas, les combats des dernières 24 heures ont fait 86 morts.

Des habitants de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, ont signalé des explosions dans la nuit de mardi à mercredi.

Des avions de combat israéliens ont frappé des cibles dans le camp de réfugiés d'Al Nousseirat et à Deir al Balah, dans le centre du territoire, ainsi qu'à Rafah, plus au sud, ont rapporté des témoins. (Jean-Stéphane Brosse pour la version française, édité par Blandine Hénault)