par Jonathan Cable

Si les grands indices boursiers ne connaîtront probablement pas de hausses aussi importantes qu'en 2009, des progressions à deux chiffres ne surprendraient pas les investisseurs.

Une fois encore, les quelque 300 spécialistes interrogés lors de ce sondage trimestriel attendent des marchés émergents des performances nettement plus solides que des grands pays industrialisés, dont beaucoup vont subir les effets de leurs politiques d'austérité.

Les valeurs brésiliennes devraient gagner plus de 15% d'ici la fin 2011 sous l'effet d'une croissance durable de l'économie. Les autres membres du "Bric" - Russie, Inde et Chine - verront leurs indices principaux monter de 22%, 19% et 16% respectivement sur cette période, selon cette enquête.

La Chine a enregistré cette année une des croissances plus fortes au monde mais la volonté des autorités de freiner la spéculation immobilière et de refréner le crédit bancaire pour juguler l'inflation échaude les investisseurs.

L'appétit énorme de la Chine et de l'Inde pour les matières premières bénéficiera à l'indice australien de référence S&P/AJX, d'autant que le pays se dirige vers une 20e année consécutive sans récession.

L'indice russe en dollar RTS, après une progression exponentielle de 146% en 2009, devrait monter plus modestement mais, disent les experts, au moins deux fois plus qu'en 2010.

"Tant que les prix du pétrole restent au-dessus du niveau de danger de 70 dollars le baril et tant qu'il n'y a pas de crise mondiale, les investisseurs s'intéresseront plus aux marchés très volatils, comme la Russie", observe Kingsmill Bond, expert chez Troika Dialog à Moscou.

L'EURO RESTE SOURCE D'INQUIÉTUDE

Les craintes demeurent de voir la crise de la dette dans la zone euro, qui a déjà conduit au sauvetage de la Grèce et de l'Irlande, se propager et se répercuter sur les marchés du monde entier.

"Les problèmes en Europe ne vont pas disparaître simplement du jour au lendemain. Il faudra un an pour que cela se stabilise et cela pourrait nous exploser à la figure à tout moment", note JJ Kinahan de TD Ameritrade à Chicago.

La sortie de la crise financière a en outre nécessité des plans de relance de plusieurs centaines de milliards et les Etats vont en payer le prix à mesure que les politiques d'austérité - hausses d'impôts et coupes budgétaires - vont faire sentir leurs effets.

Le chômage reste en outre très élevé mais la confiance en l'avenir revient peu à peu et des statistiques positives semblent de nature à pousser les marchés à la hausse.

L'indice parisien CAC 40 a perdu près de 3% sur l'année mais devrait rebondir de 10% d'ici fin 2011 grâce à l'abondance de liquidité et des bénéfices importants.

Le DAX allemand, dont les sociétés sont très orientées à l'export, pourrait atteindre son niveau le plus haut en quatre ans d'ici la fin de l'année prochaine.

Une reprise solide devrait profiter aux valeurs américaines, aidée par une Réserve fédérale très accommodante, des autorités fédérales plus favorables aux entreprises et une intensification des fusions-acquisitions.

Les valeurs japonaises seront pour leur part entraînées par la croissance des pays émergents voisins et la reprise aux Etats-Unis, tandis que le Footsie de Londres profitera jusqu'à hauteur de 8% de la sortie du marasme économique.

"Malgré l'inquiétude pour le marché du logement et le chômage, les entreprises sont maintenant adaptées et prêtes", souligne David Bulk, de BGC Capital.

Avec les différents bureaux de Reuters, Grégory Blachier pour le service français, édité par Dominique Rodriguez