par Christian Lowe et Sabina Zawadzki

L'Europe reçoit un cinquième de son gaz par des gazoducs traversant l'Ukraine. Moscou a assuré que son différend avec Kiev n'aurait pas d'impact sur l'approvisionnement des pays européens sauf si Kiev décidait de détourner illégalement une partie du gaz.

Les entreprises du secteur en France, en Allemagne, en Pologne, en Roumanie, en Autriche et en Italie ont fait savoir jeudi qu'elles n'avaient constaté aucune baisse des livraisons.

Selon des analystes, l'Europe a suffisamment de réserves pour tenir plusieurs jours sans livraison de gaz russe mais les stocks ne seront pas suffisants si l'approvisionnement est interrompu pendant plusieurs semaines.

Après l'appel de l'Union européenne et des Etats-Unis en faveur d'un règlement rapide du conflit qui porte sur la nouvelle politique tarifaire du géant gazier russe et sur les arriérés que réclame Gazprom à Kiev, l'Ukraine a annoncé l'envoi d'une délégation à Moscou. L'arrivée des négociateurs ukrainiens en Russie pour reprendre les négociations interrompues à la veille du Nouvel An n'était toutefois pas confirmée vendredi.

Ce conflit pourrait susciter de nouvelles interrogations chez les Européens sur la fiabilité de la Russie en tant que fournisseur de gaz. En janvier 2006 déjà, la "guerre du gaz" entre Moscou et Kiev avait provoqué une réduction temporaire de l'approvisionnement des marchés européens.

Gazprom a fait savoir qu'il surveillait les flux de gaz pour détecter la moindre tentative de détournement d'une partie des livraisons destinées aux Européens par l'Ukraine.

L'entreprise a précisé que ses ingénieurs contrôlaient la pression dans les gazoducs en Slovaquie, à l'ouest de la frontière ukrainienne, afin de pouvoir déterminer s'il y avait une réduction du volume de gaz.

Naftogaz, l'entreprise publique ukrainienne, a assuré de son côté que le transit du gaz russe à destination des marchés européens ne serait pas interrompu et qu'elle se servirait de ses réserves pour faire face à ses propres besoins.

Naftogaz a toutefois précisé que 21 millions de mètres cube de gaz étaient détournés par jour, soit environ 6% des volumes transitant vers l'Europe, pour maintenir la pression dans le réseau de gazoducs, ce que Gazprom pourrait interpréter comme un détournement illégal.

Avec Guy Faulconbridge à Kiev et Dmitry Zhdannikov à Moscou, version française Gwénaelle Barzic