Les partis français de gauche et de droite ont balayé l'appel à l'aide du président Emmanuel Macron pour surmonter un parlement sans majorité, jeudi, en exigeant qu'il clarifie les compromis qu'il était prêt à faire pour obtenir leur soutien.

Sans signe clair d'une solution rapide à l'impasse, son actuelle première ministre, Elisabeth Borne, a déclaré dans une interview télévisée qu'elle n'avait pas encore décidé si elle se soumettrait à un vote de confiance au parlement.

Avant de se rendre à un sommet de l'Union européenne à Bruxelles, M. Macron a prononcé mercredi en fin de journée un discours télévisé dans lequel il a reconnu que les élections législatives de ce mois-ci avaient mis à nu les "profondes divisions" de la société française.

Écartant l'idée d'un gouvernement d'unité nationale, il a appelé les dirigeants des partis rivaux à examiner les options de coalition possibles avec son alliance centriste ou à envisager de soutenir les réformes au cas par cas.

Mais cette manœuvre a été largement rejetée comme une tentative de rallier les autres à ses politiques tout en faisant peu de concessions.

"S'il s'en tient à son projet, il n'a pas la majorité absolue", a déclaré la députée socialiste Valérie Rabault à la radio France Inter. "Ce sera lui qui bloquera la France, pas nous".

Bruno Retailleau, sénateur du parti de droite Les Républicains, considéré comme le meilleur espoir de Macron de faire passer ses réformes économiques au Parlement, a exclu toute forme de coalition, affirmant qu'il n'y avait aucune confiance en Macron.

"Pour nous, ce sera au cas par cas", a-t-il déclaré.

Louis Aliot, vice-président du Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen, qui est désormais le deuxième parti le plus important au Parlement, a également rejeté l'appel. Le leader d'extrême gauche Jean-Luc Mélenchon a qualifié le discours de Macron de "ratatouille", un plat méridional préparé en combinant des légumes avec beaucoup d'huile d'olive.

Les électeurs ont donné ce qui est pour la France un rare parlement sans majorité, avec l'alliance centriste de Macron à 44 sièges de la majorité absolue, et l'extrême droite et une large alliance de gauche qui inclut l'extrême gauche se battant pour être la principale force d'opposition. Les conservateurs pourraient être les faiseurs de roi.

La porte-parole du gouvernement, Olivia Gregoire, a nuancé les propos de M. Macron, qui a laissé entendre qu'il souhaitait que les partis clarifient leur position dans les 48 heures, en précisant que toute consultation supplémentaire prendrait probablement des semaines.

"Il a entamé un dialogue qui ne se terminera pas après 48 heures", a-t-elle déclaré à la radio.

S'exprimant plus tard sur la télévision LCI, Mme Borne a déclaré à plusieurs reprises qu'elle était ouverte au dialogue avec les autres partis sur le programme de M. Macron, allant de la réforme des retraites aux efforts pour protéger les ménages de l'augmentation du coût de la vie.

Mais Mme Borne, dont la position en tant que Premier ministre est jugée intenable dans l'impasse politique actuelle, a déclaré qu'elle n'avait pas encore décidé de se soumettre à un vote de confiance lorsqu'elle doit présenter les projets du gouvernement au Parlement le 5 juillet. (Reportages de John Irish, Myriam Rivet, Benoit van Overstraeten ; rédaction de Mark John ; édition de Robert Birsel et Alistair Bell)