CITE DU VATICAN, 10 mars (Reuters) - S'il n'y a pas de candidats officiels à l'élection du successeur de Benoît XVI à la tête de l'Eglise catholique, plusieurs noms reviennent fréquemment comme "papibile" (pape potentiel) au Vatican, où le conclave doit commencer mardi après-midi.

Les cardinaux se réuniront en conclave jusqu'à ce qu'un successeur soit trouvé. En moyenne, ces assemblées durent trois jours. Voici, par ordre de probabilité, les noms les plus fréquemment cités:

LES GRANDS FAVORIS

- Angelo Scola (Italie). A 71 ans, il est archevêque de Milan, poste qui est un tremplin vers le pontificat, et nombreux sont les Italiens à parier sur lui. Expert en bioéthique, il connaît bien l'islam en tant que président d'une fondation sur le développement de la compréhension entre musulmans et chrétiens.

- Odilo Scherer (Brésil). A 63 ans, il est le candidat le plus solide de l'Amérique latine. Archevêque de Sao Paulo, le plus grand diocèse du plus important pays catholique au monde, il passe pour conservateur dans son pays mais fait figure de modéré en dehors des frontières du Brésil. L'influence grandissante des Eglises protestantes au Brésil pourrait jouer contre lui.

- Marc Ouellet (Canada). Ce Québécois de 68 ans est membre de la curie romaine, préfet de la Congrégation pour les évêques. Naguère, il déclarait que devenir pape "serait un cauchemar". Bien qu'il soit bien implanté à la curie, le laïcisme marqué de son Québec natal pourrait jouer contre lui, et même ses amis reconnaissent son absence de charisme.

- Sean O'Malley (Etats-Unis). Archevêque de Boston depuis 2003, âgé de 68 ans, il passe pour le candidat "mains propres", car il a officié dans trois diocèses américains où ses prédécesseurs étaient impliqués dans des affaires d'abus sexuels. Il a vendu des biens de l'Eglise et s'est attiré des critiques en fermant des églises peu fréquentées.

LES AUTRES CHOIX POSSIBLES

- Timothy Dolan (Etats-Unis). Nommé archevêque de New York en 2009, il est devenu la voix du catholicisme aux Etats-Unis. L'humour et le dynamisme de cet homme de 63 ans ont fait forte impression au Vatican, mais les cardinaux n'ont peut-être pas envie de mettre en avant un "pape superpuissant" et son style peut paraître trop "américain" à certains.

- Leonardo Sandri. Argentin de 69 ans, voici une personnalité "transatlantique", puisqu'il est né à Buenos Aires de parents italiens. De 2000 à 2007, il a occupé la troisième plus haute fonction dans la hiérarchie du Vatican. Il lui manque une expérience pastorale et sa fonction de préfet de la Congrégation pour les Eglises orientales n'est pas une position bien influente à Rome.

- Luis Tagle (Philippines). Archevêque de Manille âgé de 55 ans. Son charisme est souvent comparé à celui de Jean Paul II, le prédécesseur de Benoît XVI.

- Peter Erdo. Ce Hongrois de 60 ans passe pour un candidat de compromis au cas où la majorité européenne au conclave ne soutiendrait pas un Italien mais ne verrait pas non plus d'un bon oeil un pape d'un autre continent. Ses deux mandats comme président du Conseil des conférences épiscopales européennes (CCEE) et ses liens étroits avec les chefs de l'Eglise catholique d'Afrique pourraient lui valoir d'importants soutiens dans ces deux blocs d'électeurs.

- Christoph Schönborn (Autriche). Agé de 68 ans, cet ancien séminariste de Benoît XVI, aujourd'hui archevêque de Vienne, est une étoile montante de l'Eglise catholique depuis les années 1990, époque où il a assumé la responsabilité de secrétaire de la commission pour la rédaction du Catéchisme de l'Eglise catholique.

EGALEMENT MENTIONNES

- Peter Tuckson (Ghana). A 64 ans, il est le candidat le plus en vue du continent africain. Il préside le Conseil pontifical Justice et paix depuis la fin 2009.

- Joao Braz de Aviz (Brésil). Agé de 65 ans, il a apporté une bouffée d'air frais à la Congrégation pour les instituts de vie consacrée et les Sociétés de vie apostolique en en prenant la tête en 2011. Il soutient la préférence aux pauvres dans la théologie de la libération latino-américaine, mais pas les excès de certains de ses tenants. Sa relative discrétion ne plaide pas en sa faveur.

- Gianfranco Ravasi. Italien de 70 ans, il préside le Conseil pontifical pour la culture depuis 2007 et représente l'Eglise auprès du monde des arts, de la science et de la culture. Son profil pourrait lui nuire si les cardinaux décident qu'il faut à l'Eglise catholique un pasteur expérimenté plutôt qu'un nouveau professeur, comme l'était Benoît XVI. (Tom Heneghan, Eric Faye pour le service français)