Alors que l'inflation a atteint un niveau record de 7,4 %, la BCE a confirmé son intention de mettre fin à son programme d'achat d'obligations au troisième trimestre, mais a maintenu un ton peu engageant, évitant tout autre engagement, y compris sur les taux d'intérêt, qui restent profondément négatifs. Les comptes rendus rendus ont montré un consensus sur le fait que la politique ultra accommodante doit maintenant être inversée, mais il y avait des divergences sur la rapidité et l'ampleur de l'action de la banque.

"Certains membres ont estimé qu'il était important d'agir sans délai excessif", indiquent les comptes rendus de la BCE. "Un risque a également été perçu que, si le Conseil des gouverneurs ne signalait pas un processus plus rapide de normalisation de la politique, les anticipations d'inflation continueraient à augmenter." "Les achats nets d'actifs devraient prendre fin dès que possible, ouvrant la possibilité d'un premier relèvement des taux d'intérêt peu après", a ajouté la BCE. "L'opinion a été exprimée que les critères de relèvement des taux d'intérêt étaient déjà clairement remplis."

Prévisions d'inflation de plusieurs pays européens majeurs (couleur), et des membres de l'Union européenne (en gris) (Source : OCDE)

La quasi-totalité des responsables politiques qui se sont exprimés publiquement depuis la réunion sont désormais favorables à un relèvement des taux d'intérêt en juillet, la première hausse de la BCE depuis plus de dix ans, et beaucoup font pression pour que le taux de dépôt de la BCE devienne positif cette année. Il est actuellement de moins 0,5 %. D'autres participants à la réunion ont exhorté la BCE à faire preuve de prudence dans le resserrement de sa politique et à n'agir que progressivement. 

Les responsables politiques ont souvent déclaré que la normalisation signifiait une augmentation des taux jusqu'au niveau "neutre", où la BCE ne stimule ni ne freine la croissance. Mais le taux neutre est indéfini et inobservable, selon les responsables politiques. Le taux naturel nominal se situe probablement entre 1 % et 1,5 %, ce qui suggère qu'une fois corrigé de l'inflation, il reste négatif, estiment les analystes. "Les estimations suggéraient que le taux d'intérêt réel naturel était encore négatif", montrent les comptes rendus. "La trajectoire attendue des taux d'intérêt directeurs nominaux de la BCE ne se rapprocherait d'un niveau neutre qu'à un stade très avancé du processus de normalisation de la politique monétaire."

Lors de sa réunion du 9 juin, la BCE décidera de mettre fin aux achats d'obligations vers le milieu de l'année et donnera probablement des indications claires qu'une hausse des taux suivra lors de la réunion de juillet. Les marchés prévoient actuellement 107 points de base de hausse des taux pour le reste de l'année, soit un peu plus d'un quart de pour cent de hausse à chaque réunion de politique monétaire à partir de juillet.