* Le gouvernement se dit prêt à rencontrer les rebelles

* La médiation doit rencontrer la famille de l'opposant Machar

* Tirs contre trois appareils américains

* L'UA demande une trêve de Noël (Actualisé §§ 5-15)

par Carl Odera

JUBA, 21 décembre (Reuters) - Les médiateurs africains cherchaient samedi à rencontrer les opposants au président du Soudan du Sud pour essayer d'empêcher que le pays ne sombre dans la guerre civile après des combats qui ont fait des centaines de morts en près d'une semaine.

Après avoir fait rage à Juba, les combats se sont étendus à d'autres régions. Le président Salva Kiir, qui appartient à l'ethnie Dinka, accuse son ancien vice-président Riek Machar, un Nuer qu'il a limogé en juillet dernier, d'avoir tenté de s'emparer du pouvoir par la force.

L'Union africaine, qui compte un responsable parmi les médiateurs, a déclaré que sa présidente, Nkosazana Dlamini-Zuma, "demande une trêve humanitaire immédiate pour la période de Noël, en signe d'engagement de tous ceux qui sont concernés par le bien-être du peuple sud-soudanais".

La présidente de l'UA a qualifié de crime de guerre la mort d'au moins 11 personnes de l'ethnie Dinka et de deux casques bleus indiens, tués jeudi lors de l'assaut d'une base de la Minuss (Mission des Nations unies au Soudan du Sud), dans l'Etat de Jonglei, par 2.000 jeunes Nuer.

Trois appareils américains Osprey CV-22 ont été atteints par des tirs samedi alors qu'ils tentaient d'évacuer des ressortissants américains pris dans les combats, a annoncé l'US Army. Quatre militaires américains ont été blessés par ces tirs.

L'Osprey CV-22 est un appareil de transport hybride, qui tient de l'avion et de l'hélicoptère puisque ses rotors basculants lui permettent de décoller et atterrir verticalement.

TIRS CONTRE TROIS APPAREILS AMÉRICAINS

Les trois appareils ont été atteints par des tirs alors qu'ils s'approchaient de la zone d'évacuation dans l'Etat du Jonglei, au nord de la capitale Juba, a précisé dans un communiqué le commandement militaire américain pour l'Afrique (Africa Command).

Endommagés par ces tirs, ils ont gagné un terrain d'aviation dans un pays voisin et la mission a été annulée.

En vacances à Hawaï, le président Barack Obama a été tenu informé de la situation par ses conseillers à la sécurité.

"Toute tentative de prendre le pouvoir par la force entraînera la fin du soutien des Etats-Unis et de la communauté internationale" au Soudan du Sud, a déclaré la Maison blanche dans un communiqué.

Le président a donné des instructions pour assurer la sécurité des militaires de l'US Army dans la région et pour continuer à évacuer, avec l'aide de l'Onu, les ressortissants américains de la ville de Bor, au nord de Juba.

Barack Obama a "souligné la responsabilité des autorités sud-soudanaises dans la protection des ressortissants américains à Juba et à Bor", ajoute la Maison blanche.

Les Nations unies ont par ailleurs annoncé qu'un de leurs hélicoptères, sur les quatre envoyés à Youai, également dans l'Etat de Jonglei, a aussi essuyé des tirs d'armes légères vendredi. Il n'y a pas eu de blessé.

L'armée allemande a annoncé samedi avoir évacué du Soudan du Sud 98 personnes, des Allemands et d'autres ressortissants étrangers, qui ont été conduits en Ouganda. Parmi les personnes évacuées figurait l'ambassadeur d'Allemagne à Juba, a précisé le ministère allemand des Affaires étrangères.

Un autre avion a ramené à Berlin le général Hans-Werner Fritz, chef des opérations de l'armée allemande, ses adjoints et cinq autres personnes, précise la Bundeswehr.

ÉCHANGES "FRUCTUEUX"

Juba était calme samedi mais les Nations unies ont annoncé que des centaines de personnes avaient été tuées depuis le début des troubles à travers le pays, de la taille de la France, et que 35.000 civils avaient trouvé refuge dans leurs bases.

Les Etats-Unis, qui ont joué diplomatiquement un rôle important dans l'indépendance du Soudan du Sud en juillet 2011, ont annoncé l'envoi de leur émissaire pour la région, Donald Booth. Les médiateurs africains ont jugé "fructueux" leurs échanges de vendredi avec Salva Kiir, dont le gouvernement se dit prêt à négocier avec les groupes rebelles quels qu'ils soient.

Barnaba Marial Benjamin, ministre des Affaires étrangères, a confirmé que les médiateurs avaient le feu vert de Juba pour rencontrer les opposants, en particulier Riek Machar et ses alliés.

"Qu'ils obtiennent aussi de leur part la confirmation qu'ils sont prêts au dialogue", a-t-il dit, précisant que les médiateurs rencontreraient dans la journée la famille de l'ancien vice-président et entreraient en contact avec lui.

Les médiateurs, qui comptent dans leurs rangs des ministres africains et un représentants de l'Union africaine, doivent ensuite se rendre à Addis-Abeba, capitale de l'Éthiopie.

Selon le ministre de l'Information, Michael Makuei Leuth, Riek Machar se trouve à Bentiu, capitale de l'Etat de l'Unité, une région pétrolifère, où des heurts ont opposé cette semaine des soldats de différentes factions. Reuters n'a pas pu confirmer l'information de façon indépendante.

L'armée sud-soudanaise a indiqué samedi que ses hélicoptères de combat continuaient à mener des assauts contre la ville de Bor, contrôlée par les rebelles et située à 150 kilomètres au nord de Juba. (Avec George Obulutsa; Julien Dury pour le service français)