par William James

L'aide sans précédent de 110 milliards d'euros sur trois ans promise à la Grèce, dont le versement devrait être formalisé lors d'un sommet européen vendredi à Bruxelles, a permis à Athènes d'échapper à la pression des marchés mais n'a pas pour autant calmé les inquiétudes des investisseurs, qui redoutent une contagion de la crise budgétaire grecque à d'autres pays.

Quelques jours avant l'accord sur l'aide, intervenu dimanche, l'écart de rendement entre les obligations à dix ans grecques et allemandes avait atteint un nouveau inédit de 1.000 points de base alors que le Trésor grec était confronté à d'importantes échéances le 19 mai.

"Le marché a mis un moment à comprendre que, pour la Grèce, la date cruciale, c'était le 19 mai (...) maintenant il semblerait que le marché anticipe presque trop le calendrier des échéances", a estimé Kornelius Purps, analyste technique taux chez Unicredit.

Soucieux de démontrer la qualité de ses finances, le Portugal a annoncé lundi, au lendemain de la conclusion de l'accord sur l'aide à la Grèce, le rachat anticipé d'un milliard d'euros d'emprunts à dix ans qui arrivaient à échéance le 20 mai.

Ceci dit, Lisbonne doit encore rembourser 4,6 milliards d'euros à cette date et, alors que Moody's a brandi la perspective d'une baisse de la note de la dette souveraine portugaise, la prime demandée pour détenir des titres de dette portugais reste élevée.

"Du point de vue des marchés, il reste un point d'interrogation. Le premier milliard est toujours le plus facile à rembourser. C'est le dernier qui est crucial", a souligné David Schnautz, analyste taux chez Commerzbank.

L'ESPAGNE EMPRUNTE 2,3 MILLIARDS D'EUROS AU PRIX FORT

Le Portugal pourrait se faire aisément pardonner le fait d'y réfléchir à deux fois avant de se précipiter sur le marché au vu des taux prévus par le plan d'aide à la Grèce : autour de 5% pour les prêts consentis par les pays de la zone euro et encore moins pour ceux émanant du FMI.

A titre de comparaison, le taux du papier portugais à 10 ans est monté à 5,7% et celui des obligations à deux ans à 5,5%.

"Le Portugal aura peut-être tiré des leçons des difficultés grecques en constatant qu'avec des taux proches de 6%, les chances de les voir baisser à court terme sont plutôt minces. Cela pourrait plaider en faveur d'un recours direct aux pays de la zone euro et au FMI plutôt que d'essayer de passer par le marché", a noté Kornelius Purps.

Même si la note attachée à la dette souveraine espagnole est bien plus élevée que celles de la Grèce et du Portugal et si les finances espagnoles sont considérées comme bien plus solides, le fait que Madrid soit confronté à près de 50 milliards d'euros d'échéances sur les quatre prochains mois expliquent les rendements élevés des titres de dette espagnols.

Le taux des obligations à 10 ans évoluent à 4,16% et celui du papier à deux ans à 2,41%.

Et si le Trésor espagnol a enregistré ce jeudi une forte demande pour son adjudication à cinq ans, qui lui a permis d'emprunter 2,3 milliards d'euros, mais en concédant un rendement beaucoup plus élevé que pour une opération similaire intervenue il y a deux mois.

Cette a été sursouscrite 2,35 fois, contre un taux de 1,48 en mars. Mais le rendement des nouveaux emprunts 2015, avec un coupon attaché de 3%, a atteint 3,58% contre 2,8% il y a deux mois.

Si les rendements restaient élevés pendant une période prolongée, même des pays comme l'Italie pourraient entrer dans une zone de turbulences, Rome ne disposant pas la marge de manoeuvre nécessaire pour reporter des émissions de titres de dette, une solution à laquelle l'Irlande a pu recourir.

Dublin, qui a déjà levé plus de la moitié de ses besoins en financement pour cette année, a déclaré la semaine dernière être en mesure de pouvoir annuler pendant deux mois ses émissions régulières si les primes exigées restaient trop élevées.

Benoit Van Overstraeten pour le service français, édité par Marc Angrand