par Kevin Drawbaugh et Leah Schnurr

En redonnant la Chambre des représentants aux républicains tout en laissant une courte majorité aux démocrates au Sénat, les électeurs ont fortement compliqué le programme de réformes du président Barack Obama sans pour autant laisser les coudées franches à l'opposition.

Au Congrès, le face-à-face politique laisse prévoir deux années d'immobilisme. Barack Obama ne manquera pas en effet d'user de son droit de veto face à toute volonté des républicains de revenir sur ses textes votés depuis 2008, notamment la loi Dodd-Frank sur la réforme de Wall Street et la loi de protection des consommateurs, promulguée en juillet.

De même, les espoirs de remettre sur pied le marché du crédit hypothécaire américain avant les élections de 2012 paraissent fortement compromis.

"En cas de besoin d'une action rapide du Congrès, ce type de division complique les choses", note Jaret Seiberg, politologue du cabinet de conseil Washington Research Group.

"NOUS ESPÉRONS UN BLOCAGE POLITIQUE"

Mais la forte progression des républicains à la Chambre reste une bonne nouvelle pour les banques, ajoute-t-il, car ils savent "barrer la route à ceux qui cherchent à développer le champ d'action du gouvernement".

"La capacité de l'administration à lancer de nouveaux programmes d'envergure était déjà limitée, voilà qui règle la question", estime Jaret Seiberg.

Les contrats à terme sur les indices boursiers américains étaient en hausse mercredi, laissant augurer que Wall Street saluerait à l'ouverture des marchés les résultats de ces élections de mi-mandat.

"Tout se déroule comme prévu. Nous espérons un blocage politique", commentait mardi soir Jerry Webman, économiste en chef et directeur des investissements pour OppenheimerFunds, à New York.

Mais si un blocage politique permet de dissiper les craintes d'un durcissement législatif qui pèserait sur les marchés financiers, il revêt également pour eux un aspect négatif.

Une aide publique du Congrès en cas de nouvelle crise économique est en effet désormais moins probable, et le principal appui des marchés financiers devient la Réserve fédérale, dont les taux d'intérêt devraient de ce fait rester durablement à leur très bas niveau actuel.

Réunie depuis mardi, le comité de politique monétaire de la Fed doit selon toute vraisemblance annoncer à 18h15 GMT un nouveau cycle de rachats de titres, ou assouplissement quantitatif, pour soutenir une reprise économique encore atone.

Sur le front de l'emploi, rien n'indique que la situation pourrait s'améliorer à court terme pour les quelque 25 millions d'Américains qui se trouvent au chômage ou en emploi précaire.

Certains analystes prédisent que la dissipation des incertitudes qui entouraient le scrutin va encourager les entreprises à embaucher à nouveau. Mais pour les employeurs, entre la frilosité des consommateurs, la faiblesse du marché immobilier, la 'guerre' commerciale et le tassement des profits des entreprises, les raisons de rester prudent ne manquent pas.

Avec Emily Kaiser à Washington et le bureau de New York. Gregory Schwartz pour le service français