Les manifestants kenyans sont redescendus dans la rue mardi pour réclamer la démission du président William Ruto, malgré sa volte-face sur le projet d'augmentation des taxes qui avait initialement déclenché les troubles.

M. Ruto est confronté à la menace la plus sérieuse qui pèse sur sa présidence, en place depuis deux ans, alors que le mouvement mené par les jeunes passe d'une critique en ligne des augmentations d'impôts, qui ont depuis été abandonnées, à des rassemblements de masse exigeant sa destitution.

Voici une chronologie des principaux événements qui ont conduit aux manifestations.

9 MAI

Le projet de loi de finances du Kenya est présenté à l'Assemblée nationale. Il vise à lever 2,7 milliards de dollars d'impôts supplémentaires afin de réduire le déficit budgétaire et les emprunts.

Le projet de loi est ensuite soumis à des consultations publiques.

13 JUIN

Le ministre des Finances, Njuguna Ndung'u, présente le budget 2024/25 au parlement, exposant les plans de dépenses et d'emprunt.

Le budget présenté est distinct du projet de loi de finances.

18 JUIN

Un groupe parlementaire kenyan recommande au gouvernement de supprimer certaines nouvelles taxes proposées dans le projet de loi de finances, notamment les taxes sur le pain et la possession d'une voiture.

Des centaines de manifestants en colère contre les mesures fiscales descendent dans les rues de la capitale, Nairobi.

20 JUIN

Les législateurs débattent du projet de loi en deuxième lecture devant le parlement.

Dans les rues de Nairobi, la police anti-émeute lance des gaz lacrymogènes et utilise des canons à eau pour disperser des milliers de manifestants. Des marches coordonnées ont lieu dans tout le pays d'Afrique de l'Est pour protester contre les hausses d'impôts.

25 JUIN

Les manifestations contre la loi de finances dégénèrent en violences. La police tire sur les manifestants qui tentent de prendre d'assaut l'assemblée législative à Nairobi, tuant certains d'entre eux.

Des manifestations et des affrontements éclatent également dans plusieurs autres villes du Kenya, de nombreuses personnes appelant à la démission de Ruto et exprimant leur opposition aux hausses d'impôts.

26 JUIN

Dans une allocution télévisée, Ruto annonce qu'il ne signera pas le projet de loi de finances, annulant ainsi les augmentations d'impôts.

Le président déclare qu'il entamera un dialogue avec la jeunesse kenyane et qu'il travaillera sur des mesures d'austérité, en commençant par des coupes dans le budget de la présidence.

Mais certains manifestants affirment sur les réseaux sociaux que, malgré la reculade de M. Ruto, ils organiseront un nouveau rassemblement pour exiger sa démission.

27 JUIN

La police kenyane tire sur les manifestants lors de nouveaux affrontements, alors que les mouvements de protestation se développent rapidement, passant de condamnations en ligne des hausses d'impôts à des rassemblements de masse exigeant une réforme politique.

Certains manifestants sont à nouveau tués lors des affrontements.

La Commission nationale des droits de l'homme du Kenya établira plus tard un bilan de 39 morts depuis le début des manifestations, le 18 juin.

28 JUIN

Les manifestants appellent à sept jours d'activisme, y compris des grèves dans tout le pays et le blocage des principaux axes routiers les 2 et 4 juillet.

2 JUILLET

Les manifestants, apparemment irrités par une interview télévisée dans laquelle Ruto a défendu les actions de la police et de son gouvernement, descendent à nouveau dans la rue.

La police tire des gaz lacrymogènes sur les manifestants à Nairobi et des manifestations éclatent dans d'autres villes du pays, les manifestants réclamant la démission de Ruto.