(Actualisé avec précisions, Corbyn, citations)

LONDRES, 14 avril (Reuters) - La Première ministre britannique a déclaré samedi que les frappes menées par les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne en Syrie, en représailles à l'attaque chimique menée le week-end dernier à Douma, dans la Ghouta orientale et imputée au régime du président syrien Bachar al Assad, étaient justes et légales.

L'objectif des frappes, a dit Theresa May, était d'empêcher le régime syrien d'utiliser à nouveau des armes chimiques et d'envoyer le message au reste du monde que l'utilisation de ce type d'armes était inacceptable.

"Il était à la fois juste et légal de décider une intervention militaire avec nos plus proches alliés pour prévenir de nouvelles souffrances humanitaires en altérant le potentiel d'armement chimique du régime syrien", a déclaré la première ministre britannique.

Elle a précisé qu'elle ferait un point sur le sujet devant le Parlement britannique, lundi.

Le chef du Parti travailliste britannique, Jeremy Corbyn, a déclaré que Theresa May aurait dû obtenir l'approbation du Parlement avant d'ordonner les frappes de la nuit contre la Syrie.

"Les bombes ne sauveront pas des vies ni ne ramèneront la paix, mais cette action juridiquement discutable risque d'aggraver un peu plus (la situation)", a déclaré le chef du Labour.

Intervenant à la BBC, le ministre britannique de la Défense, Gavin Williamson, a déclaré samedi matin que toutes les équipes de la Royal Air Force qui avaient participé aux frappes étaient rentrées saines et sauves.

Interrogé sur l'éventualité d'autres attaques militaires contre la Syrie, Williamson a répondu qu'à son avis, les frappes occidentales avaient eu pour l'instant un impact suffisant.

Theresa May a déclaré que des informations à la fois publiques et émanant des services de renseignement montraient que le gouvernement syrien était à l'initiative de l'attaque menée à Douma le 7 avril.

"Des renseignements fiables montrent que des responsables militaires syriens ont coordonné ce qui semble être l'utilisation de chlore à Douma le 7 avril. Aucun autre groupe n'aurait pu conduire cette attaque.", a dit Theresa May.

"L'opposition (syrienne) n'utilise pas d'hélicoptères ou des barils d'explosifs", a-t-elle ajouté.

DISSUADER LE RÉGIME SYRIEN

Priée de dire si le président syrien pouvait rester au pouvoir, Theresa May n'a pas répondu. Elle s'est bornée à indiquer que les discussions entre les puissances alliées se poursuivraient pour trouver une issue politique à la guerre civile en Syrie.

"Il y a une question plus large sur la future solution politique en Syrie et c'est une question sur laquelle nous continuerons de travailler par les voies politiques et diplomatiques avec nos partenaires internationaux et nos alliés", a-t-elle dit.

Theresa M ay avait auparavant confirmé la participation des forces britanniques à des "frappes ciblées" contre les capacités militaires chimiques du régime syrien en coordination avec les Etats-Unis et la France.

La Première ministre britannique a souligné qu'il ne s'agissait pas d'intervenir dans la guerre civile ni de provoquer un changement de régime, mais de dissuader le régime syrien d'employer des armes chimiques.

"Il n'y avait donc aucune alternative envisageable à l'emploi de la force pour détruire et dissuader l'emploi d'armes chimiques par le régime syrien", a-t-elle dit.

La Première ministre avait obtenu jeudi soir le feu vert de ses ministres pour intervenir avec les Etats-Unis et la France afin de dissuader la Syrie de recourir à nouveau à des armes chimiques.

Elle n'était légalement pas tenue de demander un accord préalable de la Chambre des communes, en dépit des appels en ce sens de Jeremy Corbyn et de la jurisprudence en place depuis l'intervention en Irak de 2003.

A l'été 2013, consulté par David Cameron, son prédécesseur au 10 Downing Street, le Parlement avait rejeté une action militaire contre le gouvernement d'Assad en réaction à une précédente attaque chimique, déjà dans la Ghouta orientale. (Bureau de Londres; Henri-Pierre André, Danielle Rouquié et Marc Joanny pour le service français)