* Les forces françaises et africaines se renforcent à Gao

* Pas de résistance jusqu'ici sur la route de Tombouctou

* Le contingent français au Mali atteint 2.900 hommes (Avec informations de Paris §5 et §§10 à 14)

par Tiemoko Diallo

BAMAKO/PARIS 27 janvier (Reuters) - Les forces françaises et maliennes qui progressent rapidement vers le nord du Mali sont arrivées aux portes de Tombouctou, prise l'année dernière par les rebelles islamistes, a-t-on appris dimanche de source militaire malienne.

"Ils ont passé Niafounké et, depuis hier (samedi) soir, ils sont aux portes de Tombouctou", a-t-on précisé de même source.

Les militaires français et maliens se seraient arrêtés aux abords de la ville, classée au patrimoine mondiale de l'Unesco, pour mettre au point leur stratégie avant de pénétrer dans cet entrelacs de ruelles de pisé hérissé de mosquées et de monuments anciens. Ils n'auraient jusqu'ici rencontré aucune résistance.

"Tombouctou, c'est délicat. On n'y entre pas comme ça", a souligné le militaire malien, qui a requis l'anonymat.

A Paris, le ministère de la Défense s'est borné à déclarer que les forces françaises et maliennes continuaient à progresser vers Tombouctou "sans rencontrer de résistance".

Mais un Malien originaire de la ville a déclaré avoir reçu un message d'un ami resté sur place, qui dit avoir vu des membres des forces gouvernementales dans les rues.

Selon le militaire malien et au moins un habitant de Gao qui s'est rendu dans le sud de la ville, des "poches de résistance" des rebelles djihadistes subsistent et l'armée malienne procède à des fouilles maison par maison.

Les islamistes d'Ansar Dine et du Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), qui tiennent le nord Mali depuis avril, ont suscité une vague d'indignation mondiale en détruisant des mausolées soufis, qu'ils jugent impies.

Samedi, les forces françaises et maliennes avaient repris Gao, la plus grande ville du Nord, un peu plus de deux semaines après le lancement de l'opération Serval. Kidal, la troisième grande agglomération du Nord tenue par les islamistes, reste toutefois entre leurs mains.

Le ministère français de la Défense a précisé dimanche que le renforcement du dispositif français aux portes de Gao, sur l'aéroport local et un pont stratégique, s'était poursuivi.

2.900 SOLDATS FRANÇAIS SUR LE TERRAIN

Il comprend quelque 200 soldats français et une douzaine de chars sur roues Sagaie, a précisé à Reuters le porte-parole de l'état-major des armées, le colonel Thierry Burkhard.

"Les autorités maliennes ont commencé à reprendre le contrôle de la ville", a-t-il ajouté.

Selon le communiqué du ministère, "plusieurs groupes terroristes ont été détruits ou chassés vers le nord" lors de la prise de l'aéroport et du pont sur le Niger.

Plusieurs unités africaines, du Niger et du Tchad, sont également arrivées à Gao, tandis que les opérations aériennes en appui aux opérations dans cette ville et sur l'axe ouest se sont poursuivies, ajoute le ministère français de la Défense, qui fait état d'une vingtaine de sorties en 36 heures.

Le dispositif français a également continué à se déployer à Bamako, au rythme des avions gros porteurs.

"Les effectifs engagés (par la France) sur le sol malien atteignent désormais 2.900 hommes, tandis que les contingents africains africains de la Misma et du Tchad totalisent plus de 2.700 militaires", précise le ministère de la Défense.

Ibrahim Ag Mohamed Assaleh, porte-parole du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), le mouvement touareg dont la rébellion séparatiste dans le nord du pays a été évincée par des groupes islamistes, a proposé aux forces françaises l'aide de ses combattants, particulièrement habitués au désert.

Il a déclaré à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, que le MNLA était prêt à attaquer les forces liées à Al Qaïda, qui se cachent selon lui dans les montagnes de Tidmane et Tigharghar, dans la région de Kidal, à la frontière avec l'Algérie.

"Le MNLA est en alerte maximale", a-t-il dit.

LES USA DE PLUS EN PLUS IMPLIQUÉS

Paris a reçu dans la nuit de samedi à dimanche une nouvelle marque de soutien des Etats-Unis, qui ont accepté à sa demande de ravitailler en vol les avions français engagés au Mali.

Lors d'un entretien téléphonique, le secrétaire américain à la Défense, Leon Panetta, et son homologue français, Jean-Yves Le Drian, ont en outre évoqué la possibilité pour les Etats-Unis de transporter des militaires de pays africains.

Vendredi, Barack Obama s'était entretenu par téléphone avec François Hollande et le Pentagone avait confirmé mardi que des avions de transport C-17 de l'armée américaine aidaient au déploiement des unités de l'armée française.

Côté africain, les chefs d'état-major de la région ont porté samedi à 7.700 hommes les effectifs promis dans le cadre de la Misma, soit 2.000 de plus que prévu.

Liberia, Guinée-Bissau, Burundi, Guinée et Uganda doivent y être associés, mais on ignore si les problèmes de financement, de transport et d'équipement ont été résolus.

Le chef de l'Etat béninois Boni Yayi, président sortant de l'Union africaine (UA), a déploré dimanche la lenteur de la réaction du continent.

"Comment se fait-il que, face à un danger qui menace ses propres fondations, l'Afrique, bien qu'elle ait les moyens de se défendre, continue à attendre ?" a-t-il déclaré lors d'un sommet de l'UA à Addis-Abeba, avant de remettre la présidence de l'organisation à l'Ethiopie. (voir )

Pour la CHRONOLOGIE de la crise, cliquer sur (avec Richard Valdmanis à Sévaré, Emmanuel Jarry à Paris, Bertrand Boucey, Jean-Philippe Lefief et Hélène Duvigneau pour le service français)