Londres (awp/afp) - Les finances du Royaume-Uni traversent une période "très risquée", en raison d'une série de chocs et de coûts en hausse qui menacent de faire s'envoler la dette publique à long terme, prévient jeudi l'organisme public de prévision budgétaire OBR dans un rapport.

"En seulement trois ans, (les finances publiques) ont subi la pandémie de Covid-19 début 2020, la crise de l'énergie et du coût de la vie à partir de mi-2021 et la hausse soudaine des taux d'intérêts en 2022", résume l'OBR.

Conséquence de plans d'aides successifs pour soutenir les Britanniques pendant cette période, mais aussi de la hausse de l'inflation et des taux d'intérêts, l'emprunt public s'est envolé. La dette du secteur public au Royaume-Uni a dépassé en mai 100% du produit intérieur brut (PIB) pour la première fois depuis 1961.

Loin d'entrevoir une baisse de la dépense publique à long terme, l'OBR avertit que les autorités britanniques "font face à des coûts croissants en raison du vieillissement de la population, d'une planète qui se réchauffe et des tensions géopolitiques croissantes".

Selon le scénario de base de l'organisme public, le ratio de la dette tombera à 88% du PIB au milieu des années 2030, mais s'envolera ensuite pour atteindre 310% du PIB dans 50 ans.

Alors que le gouvernement appelle à la retenue dans les dépenses publiques pour ne pas alimenter l'inflation britannique, déjà la plus élevée du G7, à 8,7% sur un an en mai et qui peine à refluer, "les plans du gouvernement britannique pour stabiliser puis réduire la dette (...) sont relativement modestes d'un point de vue historique et international", note l'OBR.

L'OBR remarque encore que la hausse du nombre de personnes qui ne travaillent pas en raison de maladies de longue durée depuis la pandémie représente un risque important pour les finances publiques britanniques, et a déjà ajouté 6,8 milliards de livres (près de 8 milliards d'euros) de dépenses en aides publiques.

Le nombre de personnes inactives à cause de maladies de longue durée à augmenté nettement au Royaume-Uni dans la foulée de la pandémie. Les listes d'attente record dans le système de santé public, le NHS, sous-financé depuis des années, sont régulièrement pointées du doigt.

L'OBR évoque dans son rapport une détérioration de la santé des Britanniques qui avait commencé avant la pandémie, à laquelle se sont ajoutées les conséquences du Covid-19, y compris ses effets sur la santé mentale ou le retard dans le traitement d'autres pathologies.

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