9 mars (Reuters) - Les équipes de la Banque centrale européenne (BCE) ont présenté cette semaine au Conseil des gouverneurs un scénario prévoyant une hausse des taux mi-2019, après l'arrêt à la fin de cette année du programme de rachat d'actifs de la banque, apprend-on de trois sources proches du dossier.

Les hypothèses avancées par les économistes de la banque centrale ont été accueillies favorablement par les responsables des pays du nord de la zone euro, plus riches, ont précisé des sources, membres ou proches du Conseil des gouverneurs.

Les responsables des pays du sud étaient plus réservés, redoutant l'impact d'une hausse des coûts d'emprunt et d'une appréciation de l'euro sur le budget ou l'économie de leur pays d'origine.

Leurs inquiétudes ont été aggravées par l'impasse politique dans laquelle se trouve l'Italie après des élections législatives et sénatoriales remportées par des partis "anti-système" et d'extrême droite sans majorité suffisante pour gouverner seuls. Cette situation pourrait saper la confiance si elle durait, a dit le président (lui-même italien) de la BCE, Mario Draghi.

Le scénario avancé par les équipes de la BCE envisage l'arrêt définitif du programme de rachats d'obligations, d'un montant global de 2.550 milliards d'euros, à la fin de cette année, puis une hausse de taux au milieu de l'an prochain, des hypothèses conformes aux attentes du marché, précise-t-on de mêmes sources.

HYPOTHÈSE DE €30 MILLIARDS D'ACHATS DE TITRES AU T4

"Les hypothèses (...) n'ont pas d'implication politique parce qu'elles n'ont pas valeur d'engagement", a déclaré l'une des sources.

La BCE a renoncé jeudi, lors de sa réunion de politique monétaire, à son engagement à augmenter si nécessaire le montant mensuel de ses rachats d'actifs, effectuant ainsi un petit pas vers l'arrêt de cette mesure non conventionnelle.

Mario Draghi a déclaré que la décision avait été prise à l'unanimité mais les sources précisent que les responsables monétaires ont des avis divergents sur plusieurs points, notamment sur la question de savoir si l'inflation, attendue à 1,4% en moyenne cette année et la suivante, se dirige réellement vers l'objectif de la BCE d'un taux légèrement inférieur à 2%.

Le scénario présenté par les équipes de la BCE prévoit l'achat d'un dernier lot de 30 milliards d'euros d'obligations au quatrième trimestre, rapporte-t-on de mêmes sources.

Il est généralement admis que le programme de rachat d'actifs s'approche progressivement de son terme, mais les sources ont dit qu'une décision sur la manière de modifier le message de la BCE sur sa politique monétaire ne devrait pas être prise en avril, les réunions de juin et juillet étant considérés comme plus probables.

La BCE se contente pour l'instant de dire que la première hausse de taux aura lieu "bien après" la fin des rachats d'actifs.

(Balazs Koranyi, Juliette Rouillon pour le service français, édité par Marc Angrand)