par Pascale Denis

Encore peu présent dans ces pays, le numéro deux européen de l'assurance par la capitalisation boursière a fait de l'Asie un de ses axes de développement majeurs pour l'avenir.

Pour renforcer son profil de croissance, il entend ainsi porter la part des pays émergents à environ 15% de son résultat opérationnel dans les trois à cinq ans qui viennent, contre moins de 5% seulement aujourd'hui.

Après cinq mois de bataille, le rachat des actifs asiatiques d'Axa APH traîne en longueur depuis le blocage de l'opération par les autorités australiennes de la concurrence.

"On commence à perdre un peu confiance dans cette opération", commente Thomas Jacquet, analyste d'Exane BNP Paribas. "Leur réputation en dépend. Ils ont fait une augmentation de capital pour pouvoir la faire et ont dit que c'était leur relais de croissance en Asie", ajoute-t-il.

Un autre analyste, qui a souhaité garder l'anonymat, estime que l'opération a 50% de chances de réussir, tandis qu'un troisième relève que National Australian bank (NAB) a des problèmes avec les autorités de la concurrence et que AMP pourrait ne pas renchérir.

DEUX OPTIONS

Le groupe d'assurances français se trouve au centre d'une bataille boursière inédite. Souhaitant prendre le contrôle total de ses activités en Asie, il s'est d'abord allié au gérant d'actifs AMP avant de s'associer à NAB après que ce dernier eut renchéri sur l'offre d'AMP. Cette dernière offre, acceptée par Axa APH, a été bloquée les autorités de la concurrence.

Axa et NAB ont un accord d'exclusivité jusqu'au 31 mai, qui pourrait être prolongé, une fois connues les exigences des autorités australiennes.

"Il y a deux possibilités. Soit AMP arrive avec une offre améliorée et le deal peut se déboucler assez vite, soit NAB persiste et les discussions pourraient alors encore durer au moins trois ou quatre mois", souligne Christopher Hall, responsable de la gestion chez Argo Investments.

Fin avril, lors de son assemblée générale, Axa avait dit avoir la "quasi-certitude" de pouvoir boucler l'opération.

En cas d'échec, les options en Asie semblent limitées pour Axa. Nombre d'analystes estiment que l'assureur ne pourrait pas racheter les actifs asiatiques d'AIG, s'ils n'étaient pas repris par le britannique Prudential (, compte tenu de sa forte baisse en Bourse.

En Europe, certains actifs du bancassureur néerlandais ING, mis en vente à partir de 2011, pourraient intéresser Axa, tout comme ceux de la banque britannique Barclays.

BETA ÉLEVÉ

Pour Andreas Schaeffer, analyste de West LB, "cela devrait se faire, mais l'incertitude n'aide pas le cours de Bourse".

La valeur, qui affiche une baisse de 17,5% depuis le début de l'année, sous-performe largement l'indice européen de l'assurance qui perd un peu plus de 6% sur la période.

Vers 15h00, elle se traitait à 13,64 euros à la Bourse de Paris, en hausse de 0,55% alors que le CAC était stable tout comme l'indice de l'assurance.

Le titre, aux dires des experts, pâtit d'une accumulation de facteurs. Il conserve un "beta" (sensibilité à l'évolution des marchés financiers) plus élevé que la moyenne du secteur et toute forte baisse des marchés nourrit des inquiétudes sur sa marge de solvabilité, liée à ses plus-values latentes, commente Stéphane Chossat, directeur général de Hixance Asset Management.

Il pâtit aussi, aux dires des analystes, d'un environnement de faibles taux d'intérêt, qui rogne les marges sur ses fonds en euros, des mauvaises performances de sa gestion d'actifs, en proie à une forte décollecte, et d'une croissance qui a déçu au premier trimestre par comparaison avec ses pairs.

"En toile de fond, il y a toujours un vieux sujet sur une fragilité supposée d'un groupe qui a beaucoup d'actifs incorporels à son bilan (liés aux survaleurs provenant des rachats opérés par le groupe au fil du temps)", note également un analyste, jugeant ces craintes exagérées.

"Les gérants continuent de se dire qu'il faut vendre Axa quand le marché baisse. On a là un phénomène presque auto-entretenu", tempère-t-il.

Avec la contribution de Nina Sovich à Paris et Narayanan Somasundaram à Sidney, édité par Jean-Michel Bélot