KHARTOUM (Reuters) - Des coups de feu ont retenti vendredi dans les rues de Khartoum, la capitale du Soudan, et l'armée a été déployée à pied pour la première fois depuis le début des affrontements qui l'opposent depuis près d'une semaine au groupe paramilitaire des Forces de soutien rapide (FSR).

Les FSR ont accepté plus tôt dans la journée l'instauration d'un cessez-le-feu de 72 heures au Soudan, coïncidant avec le début de la fête musulmane de l'Aïd el-Fitr qui marque la fin du mois de jeûne de ramadan.

L'armée soudanaise a annoncé vendredi soir avoir accepté l'instauration de cette trêve de trois jours devant débuter le soir même.

Des échanges de tirs ont cependant eu lieu vendredi entre les soldats et les membres des FSR dans plusieurs quartiers de Khartoum, y compris pendant l'appel aux prières matinales de l'Aïd, alors que le cessez-le-feu devait entrer en vigueur.

Les combats se sont prolongés sans interruption toute la journée, des images filmées par des drones montrant des panaches de fumée s'élever de Khartoum et des villes voisines de Bahri et Omdurman.

Des centaines de personnes ont été tuées depuis le début des combats, dont au moins cinq travailleurs humanitaires. Un employé de l'Organisation internationale pour les migrations, une agence des Nations unies, a été tué vendredi à El Obeid, dans l'ouest du Soudan.

Les affrontements, les plus violents dans le pays depuis des décennies, ont été déclenchés par un désaccord sur l'intégration des FSR dans l'armée, nouvel épisode des tumultes liés au partage du pouvoir mis en place à la suite du coup d'Etat militaire de 2021, survenu deux ans après la chute de l'autocrate Omar el Béchir.

Alors que les combats ont obligé des milliers de civils à fuir Khartoum, le Soudan, où près du quart de la population avait déjà besoin d'une aide alimentaire, bascule désormais dans une catastrophe humanitaire.

(Reportage de Khalid Abdelaziz à Khartoum, Nafisa Eltahir au Caire, Bate Felix à Dakar, Clauda Tanios à Dubai, Kantaro Komiya à Tokyo, Fransiska Nangoy à Jakarta; rédigé par Cynthia Osterman et Michael Perry; Blandine Hénault et Camille Raynaud pour la version française, édité par Bertrand Boucey et Tangi Salaün)

par Khalid Abdelaziz et Nafisa Eltahir