KIEV (Reuters) - L'armée russe continue samedi à frapper à l'artillerie plusieurs villes d'Ukraine au troisième jour de l'offensive militaire russe contre l'ancienne république soviétique mais la capitale Kiev reste aux mains des forces ukrainiennes.

En dépit des avertissements des Occidentaux, Vladimir Poutine a lancé dans la nuit de mercredi à jeudi une offensive terrestre, maritime et aérienne pour envahir l'Ukraine, menaçant l'ordre sécuritaire de l'Europe.

L'ex-président russe Dmitri Medvedev a déclaré que les opérations militaires de Moscou seraient menées sans relâche jusqu'à ce que leurs objectifs soient atteints.

Dmitri Medvedev, membre actuel du Conseil de sécurité russe, a déclaré que les nouvelles sanctions occidentales favorisaient l'unité du peuple russe.

Pour lui, il est temps de rompre les liens diplomatiques avec l'Ouest, de "cadenasser les ambassades". Il a ajouté que Moscou pourrait également rétablir la peine de mort.

La nuit dans le centre de Kiev a été rythmée par les bruits de frappes aériennes mais le maire de la ville, Vitali Klitschko, a déclaré qu'il n'y avait aucune présence militaire importante russe dans la capitale.

Les couloirs du métro ne servent plus que d'abri pour les citoyens et les trains ont cessé de circuler, a-t-il ajouté.

Un couvre-feu sera instauré de ce samedi à 17h00 à lundi matin, sans interruption, afin d'assurer une défense plus efficace de la ville et la sécurité de ses habitants.

Toujours selon l'édile, 35 personnes, dont deux enfants, ont été blessées dans la nuit.

Selon Interfax, qui cite le ministère ukrainien de la Santé, au moins 198 Ukrainiens, dont trois enfants, ont été tués et 1.115 personnes blessées à ce jour depuis l'offensive russe jeudi. On ignore s'il s'agit uniquement de civils.

"Nous avons résisté et repoussons avec succès les attaques ennemies. Les combats se poursuivent", a déclaré le président ukrainien Volodimir Zelenski dans une vidéo partagée sur les médias sociaux.

Le majeure partie des forces russes sont désormais à 30km du centre de Kiev, ont indiqué les autorités britanniques, qui affirment que la Russie n'a pas mis la main sur l'espace aérien ukrainien.

Des informations contradictoires circulent, notamment sur le sort de Melitopol, le ministère russe de la Défense affirmant que ses forces s'était emparées de cette ville de 150.000 habitants du Sud-Est ukrainien, ce que réfute la Grande-Bretagne.

Les responsables ukrainiens n'étaient pas immédiatement disponibles pour commenter.

FUIR OU RÉSISTER

L'Ukraine, une démocratie de 44 millions d'habitants, a obtenu son indépendance en 1991 avec l'effondrement de l'URSS et souhaite être intégré à l'OTAN et à l'UE, ce à quoi la Russie s'oppose.

Le chef du Kremlin voit aussi dans l'Ukraine un Etat illégitime occupant des terres appartenant historiquement à la Russie.

Dans son allocution télévisée jeudi, Vladimir Poutine a expliqué avoir ordonné cette offensive pour protéger la population, y compris des ressortissants russes, menacée de "génocide" en Ukraine, une accusation non prouvée considérée en Occident comme un argument de propagande. Il a ajouté vouloir "démilitariser" et dénazifier" l'Ukraine.

Le Kremlin affirme que les troupes russes ont repris leur avancée ce samedi après l'avoir suspendue la veille à la demande du président russe, en prévision d'éventuelles pourparlers avec Kiev, qui n'ont finalement jamais eu lieu.

Mais l'Ukraine dément avoir refuser de négocier un cessez-le-feu avec la Russie.

Depuis jeudi, près de 100.000 personnes ont quitté l'Ukraine pour trouver refuge en Pologne voisine, située sur le territoire de l'UE et de l'OTAN. Des Ukrainiens ont également franchi les frontières de la Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie.

Les autorités ukrainiennes et roumaines vers la Lettonie le personnel de son ambassade à Moscou.

"Nous devons nous préparer au combat de rue. Ceux d'entre vous qui savent et comprennent ce dont je parle, préparez les bombes à essence", a déclaré le maire de Tchernihiv, à 150km au nord-est de Kiev, à ses administrés.

Des combats étaient en cours dans la ville de Sumy, au nord-est du pays, a indiqué l'administration municipale.

SANCTIONS

Les pays occidentaux ont annoncé une série de sanctions à l'encontre de la Russie.

L'Union européenne a notamment décidé de geler les avoirs européens du président russe Vladimir Poutine et de son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.

Ils n'ont pas convenus d'exclure la Russie du système international SWIFT de paiements interbancaires mais les discussions en ce sens au niveau européen semblent progresser.

Ce n'est "qu'une question de temps, de très peu de temps, de jours", a déclaré un gouverneur d'une banque centrale de la zone euro.

L'Italie, jusque-là réticente, soutiendra cette initiative, a déclaré samedi le bureau du président du Conseil italien, Mario Draghi.

Volodimir Zelenski a dit espérer que "l'Allemagne et la Hongrie auront le courage de soutenir" cette mesure, qualifié par Bruno d'"arme nucléaire financière".

La Russie a interdit aux compagnies aériennes de Pologne, de Bulgarie et de République tchèque de voler vers et au-dessus de son territoire en réponse à des mesures similaires prises par ces pays. Elle a fermé son espace aérien à toutes les compagnies britanniques.

(Reportage Aleksandar Vasovic, Natalia Zinets et Maria Tsvetkova à Kiev, Aleksandar Vasovic à Marioupol, Alan Charlish à Medyka, Fedja Grulovic à Sighetu Marmatiei, et les bureaux de Reuters, rédigé par Robert Birsel et Gareth Jones, version française Laetitia Volga)

par Maria Tsvetkova