Les règles prudentielles que prépare le comité de Bâle vont en effet contraindre les banques dans les prochaines années à améliorer leur ratio de liquidités, en les poussant à augmenter leur base de dépôts bancaires pour continuer à accorder des crédits.

"Les dépôts représentent (...) le nerf de la guerre, surtout compte tenu des contraintes de liquidités et des ratios réglementaires qui vont entrer en vigueur dans les années qui viennent", a déclaré vendredi Laurent Goutard, directeur délégué de la banque de détail en France de la Société Générale, lors d'une conférence de presse.

"Le risque de guerre des dépôts n'est pas nul", a aussi fait savoir Jean-François Sammarcelli, directeur général délégué de la SocGen. "Est-ce qu'il y a un risque? Oui. Est-ce qu'il y a une inquiétude? Pas encore", a-t-il encore dit.

Dans le cadre de ses objectifs à horizon 2015, la Société Générale ambitionne de conquérir deux millions de nouveaux clients particuliers en France et de gagner 1% de parts de marché sur la clientèle entreprise.

"Je pense qu'il y a un risque de guerre des dépôts partout. C'est déjà en cours en Espagne, en Grande-Bretagne. On commence à voir le phénomène en Italie", souligne Antonio Guglielmi, analyste financier chez Mediobanca. "Pourquoi cela n'arriverait-il pas en France?"

BATAILLE SUR LE LIVRET A

Les futures contraintes de liquidités ont d'ailleurs poussé début novembre les banques françaises à engager un bras de fer avec la Caisses des dépôts sur la centralisation des encours du livret A.

L'enjeu, pour les établissements de crédit, est de limiter autant que possible la centralisation du livret d'épargne auprès de la CDC pour conserver davantage de dépôts dans leur bilan.

Selon Les Echos, le gouvernement français serait favorable à un statu quo sur le taux de centralisation à 65% alors que les banques réclament une centralisation ramenée à 50%.

"Si nous centralisons trop de dépôts auprès de la Caisse des dépôts, cela va poser un problème pour le financement de l'économie", a insisté Jean-François Sammarcelli.

Interrogé sur les perspectives pour les activités de banque de détail en France en 2011, le dirigeant de la SocGen a indiqué s'attendre à un environnement économique "un peu compliqué" dans un contexte de crise de la dette souveraine au sein de la zone euro.

"Nous aurons, sans doute, un peu de difficultés à faire progresser notre marge d'intérêt compte tenu de ce que les taux longs sont très bas", a-t-il ajouté.

"La progression de notre activité viendra d'un effet volume".

Matthieu Protard et Lionel Laurent, édité par Gilles Guillaume