* Moody's doit achever l'examen des notes de BNP, Crédit agricole et SocGen le 15 septembre

* L'agence avait placé mi-juin leurs notes sous surveillance avec perspective négative

* S&P et Fitch ont déjà des notes de crédit plus basses sur les trois banques

par Lionel Laurent et Matthieu Protard

PARIS, 10 septembre (Reuters) - BNP Paribas (>> BNP PARIBAS), Crédit agricole (>> CREDIT AGRICOLE) et Société générale (>> SOCIETE GENERALE) se préparent à une possible dégradation dans les prochains jours par Moody's de leur note de crédit, l'agence de notation devant achever mi-septembre l'examen des notations des trois banques françaises.

En pleine tempête boursière, un abaissement des notes par Moody's sera un nouveau coup dur pour les trois banques qui s'efforcent de rassurer les investisseurs sur leur capacité à se refinancer et dont les capitalisations boursières ont lourdement chuté depuis le début de l'année.

Plusieurs sources proches du dossier ont indiqué à Reuters s'attendre à une décision "imminente" de Moody's qui avait placé le 15 juin les notes de crédit des trois banques françaises sous surveillance avec perspective négative en raison de leur exposition à la Grèce.

"La décision est imminente", a dit une source parisienne sous couvert d'anonymat. "Ce sera probablement une dégradation mais ce n'est pas encore certain."

"On arrive à la fin des trois mois de mise sous surveillance", a ajouté une autre source à Paris.

Ni Moody's ni les trois banques n'ont toutefois souhaité faire de commentaire sur le sujet.

L'agence de notation, qui avait assorti en juin sa mise sous surveillance d'une perspective négative, avait clairement ouvert la voie à une dégradation des notes de crédit.

Avec la crise de la dette publique au sein de la zone euro, à laquelle les Européens peinent à répondre, les investisseurs sont de plus en plus inquiets pour la solidité du système bancaire européen. La situation est devenue telle qu'une sortie de la Grèce de la zone euro est ouvertement évoquée par de hauts responsables politiques en Allemagne et aux Pays-Bas.

Révélateur des craintes des marchés sur l'issue de cette crise, l'indice bancaire européen <.SX7P> a chuté de 35%. Les banques françaises sont en première ligne.

La Société générale a vu sa capitalisation boursière fondre de 56% depuis le 1er janvier. Celle de BNP et du Crédit agricole de 37% et 43% respectivement.

CONTROVERSE SUR LES VALORISATIONS

Certains analystes relativisent toutefois la portée de la mise sous surveillance le 15 juin des trois banques françaises par Moody's, en rappelant que les deux autres agences de notation, Standard & Poor's (S&P) et Fitch, leur attribuaient déjà des notes plus basses.

Il reste à connaître l'ampleur de l'abaissement des notes de crédit des trois banques sous surveillance.

Moody's avait indiqué envisager d'abaisser d'un cran les notes de BNP Paribas et du Crédit agricole, et de deux crans pour la Société générale. L'agence avait toutefois ajouté que l'examen de la structure financière et des résultats des trois groupes bancaires pourraient contrebalancer sa décision.

Pour la dette senior, Crédit agricole SA, véhicule coté de la Banque verte, est actuellement noté "Aa1" par Moody's, BNP Paribas et Société générale sont à "Aa2".

L'échelle de notation de Moody's va de "Aaa" (grande qualité de signature) à "C" (situation proche d'un défaut).

S&P attribue les notes "AA" avec perspective négative à BNP et "A+" avec perspective stable pour Crédit agricole et SocGen.

Fitch est de son côté à "AA-" avec perspective stable pour BNP et Crédit agricole et "A+" avec perspective stable pour Société générale.

Même si elles ont appliqué une décote de 21% sur la dette publique grecque qu'elles ont dans leurs comptes, les trois banques ont encore environ six milliards d'euros de dette souveraine grecque.

Crédit agricole et Société générale ont de surcroît des filiales dans le pays, avec respectivement Emporiki (>> Emporiki Bank SA) et Geniki (>> General Bank of Gree).

Surtout une controverse est apparue fin août sur la valorisation des titres de dette grecque par certaines banques françaises.

L'IASB, l'organisme chargé de fixer les normes comptables internationales, a reproché à certains établissements financiers, sans toutefois les nommer, d'avoir valorisé leurs créances sur l'Etat grec selon des méthodes internes de valorisation plutôt qu'en ayant recours aux prix de marché, ce qui aurait permis aux banques de passer des dépréciations moins lourdes dans leurs comptes.

(Edité par Guy Kerivel)