Le dollar canadien devrait être en deçà des prévisions de septembre pour l'année à venir après les fortes pertes enregistrées ces dernières semaines et alors que les hausses de taux d'intérêt de la Banque du Canada menacent de pousser l'économie nationale en récession, selon un sondage Reuters.

La devise s'est affaiblie d'environ 7 % par rapport au dollar américain depuis le début de l'année 2022, mais s'en est mieux sortie que les autres devises du G10, à l'exception du franc suisse, bien que la majeure partie de cette baisse soit survenue depuis la mi-août.

Vendredi dernier, il a touché son niveau le plus faible en plus de deux ans, à 1,3838 par dollar américain, soit 72,26 cents américains.

"Le CAD sera encore confronté à certains défis en cette fin d'année et au début de 2023, car les hausses de taux de la BdC devraient entraîner une légère récession au T2 et au T3 2023", a déclaré George Davis, chef de la stratégie technique chez RBC Capital Markets.

Pour lutter contre l'inflation, la banque centrale du Canada a augmenté les taux d'intérêt de 300 points de base depuis mars pour les porter à 3,25 % - un sommet en 14 ans. Elle affirme qu'elle peut ralentir la croissance sans faire plonger l'économie.

La prévision médiane des analystes de devises prévoyait que le dollar canadien se renforcerait de 1,6 % pour atteindre 1,34 par dollar américain dans trois mois, par rapport à la prévision de septembre de 1,30.

On s'attendait ensuite à ce qu'il progresse jusqu'à 1,30 dans un an. La même prévision dans le sondage du mois dernier était de 1,25.

Le Canada est un important producteur de matières premières, y compris le pétrole qui s'est redressé cette semaine après que l'OPEP+ a convenu de ses plus importantes réductions de production depuis la pandémie de COVID.

Mais la perspective de nouveaux gains pour le brut pourrait dépendre de la poursuite par la Réserve fédérale de son programme actuel de resserrement agressif.

"Au fur et à mesure que les inquiétudes concernant la croissance mondiale se font sentir et qu'il devient évident que la Fed ne va pas pivoter, je pense que nous pourrions voir les spéculateurs pousser le pétrole à la baisse", a déclaré Christian Lawrence, stratège senior en matière d'actifs croisés chez Rabobank.

Les marchés monétaires parient que la Fed terminera son cycle de resserrement avec un taux directeur plus élevé que celui de la BoC, un résultat qui pourrait s'avérer plus problématique pour le huard.

"L'économie canadienne est plus sensible aux taux d'intérêt que l'économie américaine", a déclaré Lawrence. "Je pense que la Banque du Canada arrêtera ses hausses avant la Fed".

(Pour d'autres articles du sondage Reuters sur les devises d'octobre :) (Reportage de Fergal Smith ; Sondage de Prerana Bhat, Vijayalakshmi Srinivasan et Maneesh Kumar. Édition : Jane Merriman)